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L'Egypte apporte son soutien à la Chine dans la traque des musulmans ouïghours

Les autorités égyptiennes laissent la police chinoise interroger les exilés ouïghours sur leur propre sol.   

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Région autonome ouighoure du Xinjiang : le 7 juillet 2009, la police chinoise  arrête plus de 1400 "suspects" liés à des émeutes qui ont fait 156 morts et 800 blessés dans la capitale régionale Urumchi.  (CHINA DAILY CDIC / X01745)

Fuyant les persécutions et parfois mêmes les tortures, des milliers de Ouïghours se sont réfugiés dans des pays musulmans comme l’Egypte, pensant être bien accueillis par leurs coréligionnaires. Mais les autorités égyptiennes laissent la police chinoise interroger les exilés ouïghours sur leur propre sol.         

Plusieurs centaines d'étudiants ouïghours, réfugiés en Egypte, ont ainsi été arrêtés et interrogés par des fonctionnaires chinois dans le commissariat du Caire où ils étaient en garde à vue. Lors d'un coup de filet mené en juillet 2017, plus de 90 personnes ont été interpellées, dont de nombreux étudiants en théologie islamique à l’université religieuse Al-Azhar. La communauté ouïghoure d'Egypte, qui a compté jusqu'à 6000 membres, ne réunit plus que 50 familles, assure Abdulweli Ayup, un linguiste ouïghour basé en Norvège, qui a effectué des recherches sur les Ouïghours en Egypte.  

L’Egypte a besoin des investissements chinois

Depuis une série d'attentats sanglants en Chine attribués à des Ouïghours dans les années 2008-2009, de nombreuses organisations de défense des droits humains accusent Pékin d'avoir accentué sa répression contre cette minorité majoritairement musulmane et turcophone du Xinjiang (nord-ouest). 

Le gouvernement chinois, qui impose des mesures de sécurité strictes dans ce vaste territoire, est soupçonné d'y avoir interné jusqu'à un million de personnes dans des camps de "rééducation ". Pékin dément ce chiffre et parle de "centres de formation professionnelle" destinés à lutter contre la radicalisation islamiste.

Les Etats qui collaborent avec Pékin peuvent "en retour s'attendre à d'importantes faveurs", explique le chercheur Abdulweli Ayup. La Chine est l'un des plus gros investisseurs en Egypte.

Le Caire mise sur la deuxième puissance économique mondiale pour financer ses gigantesques projets d'infrastructures. Les échanges commerciaux bilatéraux ont atteint un record de 12,3 milliards d'euros en 2018.

Trois semaines avant le coup de filet de 2017, l'Egypte et la Chine avaient signé un accord sur "la lutte contre le terrorisme".

D'Egypte en Turquie

Selon plusieurs ONG, les étudiants ouïghours arrêtés sont envoyés à Tora, une prison au sud du Caire, où sont détenus de nombreux prisonniers politiques. Après 60 jours de détention, plusieurs étudiants ont pu quitter l’Egypte pour la Turquie, importante terre d'immigration ouïghoure.

Pour les Ouïghours, c'est un cauchemar qu'un frère musulman puisse inviter des responsables chinois pour vous interroger.

Abdulweli Ayup, linguiste ouïghour basé en Norvège

AFP

Ahmed, 26 ans, interrogé par l’AFP, a été arrêté en juillet 2017, en même temps que plusieurs fidèles, lorsque des fourgons noirs ont déboulé devant la mosquée Moussa Ibn Nassir. Le jeune homme a été transféré à Tora: "J'avais peur qu'ils nous livrent aux autorités chinoises", affirme Ahmed.

Durant ses 11 jours de garde à vue, des Chinois l'ont interrogé à propos de son père qui vit au Xinjiang. "Où est-il et comment vous envoie-t-il de l'argent?", lui a-t-on demandé. Relâché, Ahmed s'enfuit pour Istanbul. Il apprend alors que son père a disparu au Xinjiang. "Je ne sais toujours pas s'il est mort ou vivant".      

Pour Darren Byler, spécialiste du Xinjiang, Pékin a déjà tenté d'interroger et de détenir des Ouïghours résidant à l'étranger. Mais "l'autonomie avec laquelle les autorités chinoises ont été autorisées à agir en Egypte est sans précédent", dit-il.

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