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Egypte: la communauté copte, «première cible» de Daech
Des dizaines de familles coptes ont fui ces derniers jours le nord de la péninsule du Sinaï après la multiplication d’attaques djihadistes. Bien implanté dans la région, le groupe djihadiste Ansar Beït al-Maqdess, une branche de Daech, avait menacé ouvertement de s’en prendre à la communauté chrétienne.
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Depuis fin janvier 2017, sept chrétiens ont été tués dans la ville d’al-Arich, chef-lieu du Nord-Sinaï. Parmi les victimes, un homme décapité et un autre brûlé vif. Assez pour semer la terreur et faire fuir des dizaines de familles coptes. «Nous avons commencé à avoir peur de nos ombres. Nous craignions d’être suivis et abattus d’une balle dans le dos. Les chrétiens sont visés d’une manière atroce», témoigne à l’AFP un homme souhaitant garder l’anonymat.
«Proie préférée»
Très actif dans le Sinaï, le groupe djihadiste Ansar Beït al-Maqdess, qui a prêté allégeance à Daech en 2014, semble changer de stratégie. Après avoir visé principalement la police et les militaires égyptiens, il menace de s’en prendre à la la minorité chrétienne du pays. Dans une vidéo diffusée le 19 février 2017, Daech annonce que «les croisés» sont sa «première cible» et sa «proie préférée». Le groupe Etat islamique promet une série d’attentats comme celui qui a frappé une église copte au Caire en décembre 2016.
Pourquoi maintenant ?
Alors que le groupe Etat islamique est affaibli en Irak, en Syrie et en Libye, il tente de faire diversion en semant la terreur là où c’est possible. Les attaques contre les coptes dans le Sinaï visent principalement à montrer que la communauté est en danger et qu’elle n’est pas bien protégée. Daech joue une fois encore sur la fibre religieuse et cherche à semer la division entre les différentes communautés. Dans une vidéo de propagande, l’homme cagoulé qui profère les menaces en arabe contre «les croisés d’Egypte» n’a pas l’accent égyptien.
Sissi tente de rassurer mais...
Le président égyptien a réagi à la nouvelle menace du groupe Etat islamique. Les dernières attaques ont été menées «pour que l'on commence à se diviser», a-t-il déclaré. Abdel Fattah al-Sissi s'est défendu, une fois encore, d'abandonner les coptes, assurant que les forces de l'armée et de la police étaient «mobilisées» contre les djihadistes.
Mais les autorités égyptiennes n’ont pas réussi à mater l’insurrection des djihadistes dans le Sinaï. En plus, les attaques contre des églises et propriétés coptes ont lieu ailleurs en Egypte. Les chrétiens qui constituent 10% des 92 millions d’Egyptiens se sentent aujourd’hui plus que jamais marginalisés.
«Certains pensaient au départ que Sissi était envoyé du ciel, mais la réalié est plus proche de l’enfer», souligne le journaliste Amr Khalifa dans une analyse au Middle East Eye.
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