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Egypte : 529 Frères, partisans de Morsi, condamnés à mort

Après les arrestations massives, place aux jugements expéditifs. L’épuration se poursuit en Egypte, où les Frères musulmans sont toujours dans le collimateur des militaires. 529 condamnations à mort, c’est du jamais vu dans l’histoire du pays, et 700 autres Frères attendent le verdict de la cour.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le 5 mars 2014 durant le procès des journaliste d'al-Jazira. (AFP/ Khaled Desouki)

Le tribunal d’al-Minya, une ville à 250 km au sud du Caire, n’a guère fait de détails. Seuls 17 accusés ont été acquittés. Mais sur le nombre de prévenus, la plupart sont en fuite, et 153 seulement sont détenus.

Tous sont accusés de violences lors des émeutes du mois d’août 2013. A al-Minya, deux policiers avaient trouvé la mort durant les manifestations des Frères musulmans dénonçant le coup d’Etat des militaires, le 3 juillet.

Le 14 août, au Caire, l’armée avait tiré sur les manifestants, provoquant un carnage de plusieurs centaines de morts. Depuis, la répression ne s’est pas arrêtée. Plus de 1400 partisans de Mohamed Morsi, le président déchu, ont été tués. Les autres sont conduits devant les tribunaux pour des mascarades de procès.

Tous les dirigeants des Frères ou presque sont sous les verrous. Y compris leur chef, qui répond actuellement aussi aux accusations de violences ayant entraîné la mort des deux policiers.

Et si 529 condamnations à mort ont déjà été prononcées, une autre charrette de 700 accusés est passé en une seule journée devant le même tribunal d’al-Minya. Les prévenus connaîtront leur sort le 28 avril. En tout, 1200 partisans de Morsi vont être jugés. Du jamais vu dans l’histoire égyptienne.

Le nombre de condamnés à mort pourrait cependant diminuer. D’une part, la loi permet à tout condamné en fuite d’obtenir un nouveau procès s’il se rend. De plus, il existe une procédure d’appel qui entraînera sûrement une révision à la baisse de plusieurs condamnations.
Enfin, le mufti (représentant de l’islam auprès de l’Etat) doit valider les peines, et là aussi des condamnations seront probablement commuées.
 
Cela n'empêche pas les avocats de la défense de réclamer la récusation du juge Saïd Youssef Sabry. Il est réputé pour prononcer de lourdes peines sans commune mesure avec le délit. Ainsi il a condamné un homme à trente ans de prison pour un vol à l'étalage de robes.

Répression tous azimuts
Selon Amnesty International, la répression ne se limite cependant pas aux Frères. En décembre 2013, trois militants laïcs ont été condamnés à trois ans de prison pour avoir participé à un défilé interdit.
Le pouvoir militaire s’en prend aussi aux journalistes. Au Caire, un tribunal juge des journalistes de la chaîne al-Jazira. En tout,18 personnes sont poursuivies. Des Egyptiens, accusés d’appartenance à une organisation terroriste, et quatre étrangers poursuivis pour avoir fourni argent et équipements.

Selon l’accusation, tous ces hommes ont répandu de fausses informations, faisant croire à une guerre civile. La chaîne qatarie juge ces accusations infondées, et précise que seul huit des accusés travaillaient pour elle.

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