Cet article date de plus d'onze ans.
Charles Enderlin sur la situation en Egypte
Des millions de personnes ont participé dimanche 30 juin aux plus importantes manifestations qu’ait jamais connues l’Egypte. L’opposition a donné jusqu’au 2 juillet au président Morsi pour qu’il quitte le pouvoir. Va-t-on vers une nouvelle révolution au pays des Pharaons ? L'analyse de Charles Enderlin, correspondant de France 2 en Israël.
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Comment ce mouvement est-il né et qui regroupe-t-il ?
Cette histoire est assez extraordinaire. Les jeunes révolutionnaires à l'origine du mouvement qui, en 2011, avait conduit à la démission de Hosni Moubarak, étaient persuadés «qu'on» leur avait volé leur révolution. L'Egypte, sectaire, confessionnelle des Frères musulmans n'était pas celle dont ils rêvaient. En avril dernier, ils sont parvenus à la conclusion que la situation était mûre pour lancer leur nouveau mouvement. La gestion du pays par les Frères musulmans et leur président s'est avérée un échec total. Les investisseurs et les touristessont aux abonnés absents, la vie quotidienne de l'Egyptien moyen s'est considérablement détériorée. Pénurie de carburant. Les files d'attente aux stations services durent parfois cinq, six heures. Coupures de courant. Difficultés d'approvisionnement en eau potable. Pour les classes les plus pauvres, réduction de l'aide alimentaire.
Les jeunes révolutionnaires ont donc lancé sur les médias sociaux un appel à la démission du président Morsi et pour de nouvelles élections. Très vite, le mouvement, appelé Tammarud ─ ce qui signifie «rebelle» ─ a fait tache d'huile. Des volontaires, d'abord par centaines, puis par milliers, se sont postés dans les gares, les sorties de métro, les marchés pour faire signer la pétition dont ils téléchargent le texte sur internet. L'idée était d'obtenir un nombre de signatures plus important que les voix reçues par Morsi lors de son élection il y a un an, c'est-à-dire, un peu plus de 13 millions. Tammarud a recueilli 22 millions de signatures. Selon l'armée, les manifestations ont, le 30 juin au soir, rassemblé plus de 12 millions d'Egyptiens. C'est énorme!
Qui sont donc ces jeunes révolutionnaires? C'est une organisation, non pas pyramidale mais horizontale où on trouve des jeunes entrepreneurs, des geeks de la high tech, des profs d'université... Dans cette coalition très lâche de groupes et de personnalités diverses, les choses se décident par consensus
Quel rôle pourrait jouer l’armée ? Quel jeu joue les Frères musulmans ?
L'armée égyptienne préférerait ne pas reprendre les rênes du pays. Les généraux considèrent qu'ils n'en n'ont pas la capacité. Il faut dire qu'une armée de 500.000 hommes ne peut pas tenir un pays de 84 millions d'habitants. Pour cela, il faut faire de la politique, ce que ne veulent pas les chefs militaires. Mais si la situation vire au chaos, à la guerre civile, l'armée interviendra et prendra le pouvoir. Pour leur part, les Frères musulmans tentent de survivre à la crise. D'abord en essayant de trouver une formule de compromis qui permettrait de maintenir Mohamed Morsi à la tête de l'Etat le plus longtemps possible. L'opposition refuse.
Comment la situation risque-t-elle d’évoluer ?
Au moment où ces lignes sont écrites le 1er juillet à 14 h, heure française, la foule se rassemble à nouveau place Tahrir. Tammarud maintien la pression et a donné au Président Morsi jusqu’au 2 à 17 h pour quitter le pouvoir. A partir de là, tout peut arriver.
Cette histoire est assez extraordinaire. Les jeunes révolutionnaires à l'origine du mouvement qui, en 2011, avait conduit à la démission de Hosni Moubarak, étaient persuadés «qu'on» leur avait volé leur révolution. L'Egypte, sectaire, confessionnelle des Frères musulmans n'était pas celle dont ils rêvaient. En avril dernier, ils sont parvenus à la conclusion que la situation était mûre pour lancer leur nouveau mouvement. La gestion du pays par les Frères musulmans et leur président s'est avérée un échec total. Les investisseurs et les touristessont aux abonnés absents, la vie quotidienne de l'Egyptien moyen s'est considérablement détériorée. Pénurie de carburant. Les files d'attente aux stations services durent parfois cinq, six heures. Coupures de courant. Difficultés d'approvisionnement en eau potable. Pour les classes les plus pauvres, réduction de l'aide alimentaire.
Les jeunes révolutionnaires ont donc lancé sur les médias sociaux un appel à la démission du président Morsi et pour de nouvelles élections. Très vite, le mouvement, appelé Tammarud ─ ce qui signifie «rebelle» ─ a fait tache d'huile. Des volontaires, d'abord par centaines, puis par milliers, se sont postés dans les gares, les sorties de métro, les marchés pour faire signer la pétition dont ils téléchargent le texte sur internet. L'idée était d'obtenir un nombre de signatures plus important que les voix reçues par Morsi lors de son élection il y a un an, c'est-à-dire, un peu plus de 13 millions. Tammarud a recueilli 22 millions de signatures. Selon l'armée, les manifestations ont, le 30 juin au soir, rassemblé plus de 12 millions d'Egyptiens. C'est énorme!
Qui sont donc ces jeunes révolutionnaires? C'est une organisation, non pas pyramidale mais horizontale où on trouve des jeunes entrepreneurs, des geeks de la high tech, des profs d'université... Dans cette coalition très lâche de groupes et de personnalités diverses, les choses se décident par consensus
Quel rôle pourrait jouer l’armée ? Quel jeu joue les Frères musulmans ?
L'armée égyptienne préférerait ne pas reprendre les rênes du pays. Les généraux considèrent qu'ils n'en n'ont pas la capacité. Il faut dire qu'une armée de 500.000 hommes ne peut pas tenir un pays de 84 millions d'habitants. Pour cela, il faut faire de la politique, ce que ne veulent pas les chefs militaires. Mais si la situation vire au chaos, à la guerre civile, l'armée interviendra et prendra le pouvoir. Pour leur part, les Frères musulmans tentent de survivre à la crise. D'abord en essayant de trouver une formule de compromis qui permettrait de maintenir Mohamed Morsi à la tête de l'Etat le plus longtemps possible. L'opposition refuse.
Comment la situation risque-t-elle d’évoluer ?
Au moment où ces lignes sont écrites le 1er juillet à 14 h, heure française, la foule se rassemble à nouveau place Tahrir. Tammarud maintien la pression et a donné au Président Morsi jusqu’au 2 à 17 h pour quitter le pouvoir. A partir de là, tout peut arriver.
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