Egypte : l'opposant ElBaradei rentre au Caire pour manifester lui aussi
"Nous allons continuer à exercer notre droit à manifester pacifiquement pour retrouver notre liberté et notre dignité. La violence du régime va se retourner contre lui". Ce message, Mohammed ElBaradei, l'a posté hier soir sur . Ce matin, c'est sa famille qui annonçait qu'il rentrait au pays, après plusieurs semaines de déplacement à Vienne.
Quelques heures plus tard, il va encore plus loin, et se dit prêt à assumer le pouvoir pour une période de transition si la rue le lui demande. Du moins si l'on en croit la chaîne de télévision Al Arabiya.
L'ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (jusqu'en 2009) est très respecté dans son pays. Même si d'aucun lui reproche de ne pas y passer assez de temps. Un homme qui soutient et encourage explicitement la contestation depuis ces trois derniers jours. "Si les Tunisiens l'ont fait, les Égyptiens devraient y arriver", déclare-t-il dans le magazine allemand Der Spiegel de cette semaine.
Mohammed ElBaradei ne dispose pas d'un véritable parti reconnu comme tel, mais il a formé un mouvement, l'Association nationale pour le changement, qui n'hésite pas à critiquer ouvertement le régime Moubarak et plaide pour des réformes démocratiques et sociales. A l'automne dernier, il avait appelé au boycott des élections législatives de novembre. Il appelle aussi au boycott de la présidentielle programmée en septembre prochain. Ces derniers mois, il avait enfin évoqué le possible recours à des actions de "désobéissance civile"...
"Jeudi n'est pas un jour de vacances"
Le voilà donc sur le retour à un moment clé, après deux jours de mobilisation inédite depuis trente ans. Il rentrerait d'ailleurs spécialement "pour participer aux
manifestations de vendredi", selon son frère. "Le Mouvement du 6 Avril", initiateur des manifestations de mardi et mercredi appelle en effet maintenant à des manifestations à travers tout le pays après la
prière demain.
En attendant, ce jeudi censé être journée de répit entre deux jours de manifestations est manifestement encore tendu au Caire. Dans le centre du Caire, des poignées de manifestants auraient encore brûlé des pneus ce matin et lancé des pierres sur les forces de l'ordre.
À Suez, ils auraient mis le feu à une caserne de pompiers.
_ "Jeudi ne sera pas un jour de vacances, les actions dans la rue vont se
poursuivre", écrit le mouvement du 6 avril sur sa page Facebook.
Le gouvernement cependant continue de minimiser l'ampleur de la contestation. Le ministère de l'Intérieur parlait hier de 500
arrestations. Mais une coalition indépendante d'avocats avance pour
sa part le chiffre d'au moins 1.200 interpellations. Enfin, conséquence directe et visible de ces troubles : le nouveau plongeon spectaculaire de la bourse du Caire, dont les échanges ont été du coup provisoirement suspendus.
Cécile Quéguiner, avec agences
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