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Satellite, fibre optique et demain ballon: l’Afrique en route vers l'Internet

362 millions d’Africains ont aujourd’hui accès à Internet, soit 29% de la population du continent. D’ici à 2020, la moitié de la population africaine utilisera un smartphone et un quart sera couverte par une connexion mobile haut débit. Fibre optique, satellites ou ballons, les projets pour connecter l'Afrique se multiplient.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Ballon du projet Loon (Google) pour rendre l'Internet accessible dans les zones les plus reculées.  (Afp/ Andrej Sokolow / DPA)


En tête du palmarès de l’internet sur le continent, on retrouve les Seychelles et le Maroc, avec un taux de pénétration de 57%, puis l’Afrique du Sud (52%). Le Nigeria reste toutefois le pays où l’on compte le plus d’internautes. Ils sont près de 86 millions aujourd’hui, soit un taux de 46%.

L’Algérie affiche un plus faible taux de pénétration de 19,7%, qui la place à la 22e position sur le continent, nettement derrière ses voisins marocain, tunisien et égyptien, tous dans le top 10. 

A peine 3% de la population tchadienne a accès à Internet, avec des tarifs exorbitants pour l'internet fixe dépassant les 600 dollars par mois l'abonnement.

En queue de peloton, on retrouve la Somalie et l’Erythrée, accompagnés du Burundi, où Internet n’est accessible que par moins de 2% de la population. 

Fibres optiques pour les villes côtières
Les pays situés sur littoral, à proximité des câbles de fibre optique, ont un accès plus rapide et, de fait, moins cher à une connexion. Comme au Ghana (7 dollars par mois), en Afrique du Sud (55 dollars par mois) où même en Somalie (100 dollars par mois).

Google a lancé Le projet dénommé Link qui doit permettre à des millions d’Africains d’accéder à Internet à faible coût. Des centaines de kilomètres de fibre optique ont été installés dans plusieurs grandes villes africaines (Kampala, Accra, Nairobi…).

Réseaux sous-marins de fibres optiques pour l'internet en Afrique (2016)  (Network Startup Resource Center)

 
Pour se connecter au web, des millions d’Africains n’ont d’autres choix que de se tourner vers les réseaux mobiles (GSM/3G et depuis peu 4G). Le haut débit est plus restreint, mais la couverture Internet mobile se développe vite, avec 75 réseaux de 4G dans une trentaine de pays.

En effet, ces réseaux offrent une meilleure couverture, y compris des zones reculées, et restent relativement accessibles en termes de coût.

Le téléphone mobile roi
La majorité des internautes africains vivant au sud du Sahara se servent de leurs smartphones pour se connecter au web. En 2020, près de la moitié de la population subsaharienne sera équipée d’un «téléphone intelligent». Au Nigeria, la grande majorité des 86 millions d’utilisateurs ont accès à Internet grâce au mobile.

Face à ce marché prometteur, les géants américains du net, Google et Facebook, envisagent des investissements massifs sur le continent. Un marché des télécommunications particulièrement dynamique puisque 96% des Africains seraient détenteurs d’un téléphone mobile.

Réseaux terrestres haut débit en Afrique (2016) (Network Startup Resource Center)


Réseau de ballons  
Autre programme de Google, le Project Loon vise à fournir internet grâce à des ballons qui survoleront des zones difficiles d’accès. En Afrique subsaharienne, environ 65% de la population vit encore dans les zones rurales. Même si ces localités étaient desservies par l’ADSL, le coût de la connexion serait prohibitif pour des populations dont la grande majorité vit encore avec moins d’un dollar par jour.


Il s’agit de connecter le monde entier à Internet, même les endroits les plus reculés, grâce à des ballons placés dans la stratosphère.
Dans ses premiers essais commencés en 2013, Google envisageait une flotte de ballons navigant au gré des vents autour du globe. Mais cette vision nécessitait un nombre trop important de ballons.

Les ingénieurs Google ont depuis trouvé des algorithmes permettant de positionner les ballons dans une même zone. Ce qui permet d’avoir un réseau largement réduit de ballons plus facile à gérer.
Google  a en revanche abandonné son projet de drones solaires pour connecter le monde à Internet.

Les fabricants de satellites sont eux aussi dans la course pour le futur marché africain. L’opérateur européen Eutelsat commence à commercialiser des services Internet haut débit dans une dizaine de pays africains. Bénin, Cameroun, Kenya, Nigeria, Afrique du Sud, Tanzanie et Ouganda…

Objectif de ces satellites: aller là où les réseaux filaires n’arrivent pas ou sont trop chers à construire. Dans ce secteur en perpétuel innovation, les (bonnes) surprises technologiques sont probables pour faire baisser le coût de l’Internet africain.

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