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Prévisions de la BAD pour l’Afrique : forte augmentation de la pauvreté en 2020, retour de la croissance en 2021

Selon les analystes de la Banque africaine de développement (BAD), la croissance sur le continent devrait rebondir à 3% en 2021, contre une chute de 3,4% dans le pire des scénarios pour 2020. Mais de fortes disparités sont relevées selon les pays.

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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La crise économique devrait toucher tout particulièrement l'Afrique du Sud en 2020. Ici, un quartier de Soweto (Johannesburg), le 1er juin 2020. (Michele Spatari / AFP)

Près de 49 millions d'Africains pourraient être plongés dans l'extrême pauvreté en raison de la pandémie, en particulier en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale, affirme une étude de la Banque africaine de développement publiée le 6 juillet 2020. L'Afrique devrait toutefois connaître un rebond de croissance économique de 3% en 2021.

Alors qu'un tiers des Africains, soit 425 millions de personnes, vit aujourd'hui sous le seuil de pauvreté – avec moins de 1,90 dollar par jour en parité de pouvoir d'achat , l'impact de la pandémie devrait largement aggraver la situation, estime la BAD dans ses Perspectives économiques en Afrique.

L'institution africaine de développement anticipe une importante récession économique pour le continent avec une perte de 5,6 à 7,3 points par rapport aux prévisions de croissance qui étaient largement positives avant la crise de Covid-19. Le Fonds monétaire international (FMI) avait également évoqué fin juin une récession de 3,2% cette année pour l'Afrique subsaharienne et une baisse des revenus des habitants à leurs niveaux de 2010.

Aggravation de la pauvreté 

L'Afrique est, après l'Océanie, le continent le moins touché par la pandémie, avec près de 500 000 cas, dont quelque 11 700 morts, au 7 juillet, même si l’épidémie, loin d'être finie, pourrait être sous-évaluée. Néanmoins, le continent est touché de plein fouet par la crise économique mondiale entraînée par l'épidémie.

L'Afrique pourrait perdre entre 145,5 milliards et 189,7 milliards de dollars américains de croissance en 2020. "Le tourisme, les transports et les loisirs seront certainement les secteurs qui tarderont le plus à repartir. Entre 2017 et 2018, le secteur du tourisme et des voyages en Afrique avait progressé de 5,6%", contre une moyenne internationale de 3,9%, détaille la BAD.

La récession en 2020 devrait toucher tout particulièrement quatre des cinq plus grandes économies du continent : l'Afrique du Sud (-6,3% à -7,5% suivant le scénario de base ou pessimiste), le Nigeria (-4,4% à 7,2%), l'Algérie (-4,4% à -5,4%) et le Maroc (-3,3% à -4,6%), tandis que l'Egypte, à l'économie plus diversifiée, devrait conserver une croissance positive (+2,2% à +0,8%).

Entre 25 et 30 millions d'emplois perdus cette année

L'Afrique de l'Ouest et centrale devraient être particulièrement touchées. C'est le Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique avec 200 millions d'habitants, qui devrait voir s'accroître le plus sa pauvreté. Entre 8,5 et 11,5 millions de Nigérians devaient tomber dans l'extrême pauvreté en 2020 dans ce pays très dépendant de son secteur pétrolier durement touché par la crise économique mondiale et la chute des prix de l'or noir.

Quatrième pays le plus peuplé d'Afrique avec ses 90 millions d'habitants, la République démocratique du Congo (RDC) pourrait voir tomber dans l'extrême pauvreté 2,7 à 3,4 millions de personnes, alors que ce pays d'Afrique centrale compte déjà 72% d'habitants vivant avec moins de 1,90 dollar par jour. L'économie de la RDC pâtit de sa dépendance aux exportations de minerais, dont les prix ont chuté sur les marchés mondiaux.

Outre les économies basées sur les matières premières, celles dépendant du tourisme (secteur qui représente 8,5% du PIB du continent) seront aussi durement touchées, tandis que les économies diversifiées seront plus résilientes, note la BAD. Des puissances économiques moyennes, aux économies relativement diversifiées, devraient rester dans le vert : Ethiopie (+3,6% à +2,6%), Kenya (+1,4% à +0,6%), Côte d'Ivoire (+3% à +1,5%) et Sénégal (+2,8% à +0,1%)

Spirale de la dette

La crise du coronavirus fait aussi peser un risque accru sur les dettes publiques des pays africains, relève la BAD. Pour limiter les conséquences socio-économiques de la crise, de nombreux pays africains ont en effet annoncé d'importants plans de relance budgétaire, allant jusqu'à 10% du PIB en Afrique du Sud.

Conséquence : les déficits budgétaires "devraient doubler" sur le continent pour atteindre 8 à 9% du PIB. La crise du coronavirus "renforce la probabilité d'une crise généralisée et profonde de la dette souveraine", s'inquiète la BAD.

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