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Le président Erdogan «n’est pas le bienvenu» en Algérie, écrit Kamel Daoud
Le président turc Erdogan entame ce 26 février 2018, par l’Algérie, une nouvelle tournée africaine, qui doit le mener en Mauritanie, au Sénégal et au Mali. Sa visite à Alger, destinée à «donner un nouvel essor aux relations économiques», s’est accompagnée d’une lettre ouverte de Kamel Daoud, publiée par le «Huffington Post», dans laquelle l’écrivain lui explique pourquoi il n’est pas le bienvenu.
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«Au nom de ceux que vous avez tués, emprisonnés, torturés, Erdogan, vous n'êtes pas le bienvenu! Non Erdogan vous n’êtes pas le bienvenu en Algérie.»
L'écrivain algérien accuse Erdogan de soutenir les islamistes dans son pays
C’est par ces mots directs, sans fioritures et sans ménagements que s'ouvre la lettre ouverte adressée par l’écrivain algérien, Kamel Daoud, au président turc, Recep Tayyib Erdogan, publiée par le Huffington Post à l’occasion de sa visite de deux jours en Algérie.
Prix Goncourt du premier roman pour Meursault, contre-enquête, journaliste et chroniqueur connu pour ses critiques acerbes des islamistes, l’écrivain rappelle au président que l’Algérie «a déjà payé son tribut de sang et de larmes à ceux qui voulaient nous imposer leur califat».
Accusant Erdogan d’être le soutien des partis islamistes, de leur faire des cadeaux par le biais de ses entreprises et de noyauter le tissu associatif en contrôlant les mosquées, Kamel Daoud dénonce les vieilles méthodes de celui qui veut son pays «à genoux devant votre Porte sublime», écrit-il.
«Vous incarnez aussi l’esprit contraire de notre nation: vous détestez la liberté, l’esprit libre, vous aimez les parades, les fonds de commerce par la religion, vous rêvez d’un califat sur nos dos et d’un retour sur nos terres», ajoute encore le chroniqueur algérien.
Un rappel de la colonisation ottomane de l'Algérie
Outre les crimes commis contre les Kurdes et la répression qui s’est abattue sur les hommes et les femmes «qui ont fait la renaissance de la Turquie», il dénonce l’instrumentalisation de la question palestinienne par Erdogan pour sa gloire personnelle.
«Vous pleurez avec la victime dans le Proche-Orient et vous signez des contrats avec son bourreau», s’insurge-t-il, ajoutant: «Laissez-nous rire avec les Palestiniens: la Palestine est votre fonds de caravanier. Comme pour beaucoup. Vous savez tellement monter sur le dos des agenouillés!»
Se référant enfin au passé de conquistador de l’empire ottoman, il lui lance: «Vous n’êtes pas en terre conquise. Comme vos ancêtres qui nous ont colonisés, vous ne prendrez pas racine ici. Seulement une illusion de conquête. Comme tous les colons», l’a-t-il prévenu.
Un véritable crime de «lèse-sultan», au moment où l’agence officielle Algérie presse service (APS) expliquait que cette visite avait pour but de développer davantage la coopération économique entre les deux pays «en vue de la hisser au niveau de l’excellence».
Inauguration d'une mosquée d'Alger restaurée avec des fonds turcs
«En matière d'investissements enregistrés en 2017 auprès de l'Agence nationale du développement de l'investissement (ANDI), la Turquie a occupé la première place des investissements mixtes en termes de nombre et de montant de projets avec plus de 20 projets d'investissements d'un montant global de plus de 200 milliards de DA devant générer près de 6.000 emplois», précise l’agence.
Au cours de son séjour en Algérie, le chef de l'Etat turc partagera avec son homologue algérien Abdelaziz Bouteflika ses «analyses de la situation régionale et internationale, notamment au Moyen-Orient, au Maghreb et au Sahel», selon le communiqué de la présidence cité par le site Maghreb Emergent.
Même si la lettre ouverte de Kamoul Daoud, qui vit toujours en Algérie, a toutes les chances de déplaire à Ankara et à Alger, elle aura permis à son auteur de révéler les investissements turcs dans ce qui a fait la tragédie algérienne durant dix ans de guerre civile.
Sur place, Erdogan confirmera indirectement ce choix. Il doit inaugurer la mosquée Ketchaoua d’Alger après l’opération de restauration du lieu, grâce à des fonds turcs.
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