Le futur port de Nador, espoir de désenclavement du Nord-Est marocain
L’économie de l’Est marocain, est lourdement pénalisée depuis 1994 par la fermeture de la frontière avec l’Algérie. Une clôture très politique qui trouve son origine dans la question du Sahara occidental, qui oppose toujours les deux pays. Une grande partie du commerce entre les deux frères ennemis du Maghreb transitent depuis des années par Marseille. De nombreuses familles, partagées de part et d’autre de la frontière, prennent l’avion pour se retrouver. Pour aller de Tlemcen à Oujda séparés d’à peine 50 km, il faut aujourd’hui prendre l’avion pour Marseille ou Casablanca.
Les choses se sont encore aggravées depuis novembre 2015. Pour limiter l’immigration et le risque d’incursions islamistes venus de Libye (via l’Algérie), le Maroc à rendu encore plus hermétique sa frontière en déroulant un grillage sur 200 km. Les Algériens ont, de leur coté, élargit le fossé qui longe la frontière, dépossédant au passage de quelques mètres les terres cultivées par les paysans de la région. Un fossé, pouvant atteindre 11 mètres de profondeur et de 7 mètres de large, est censé dissuader les trafics et les candidats à l’immigration vers Ceuta et Melilla, c’est-à-dire l’Europe.
Une économie de contrebande
Toute la région de l’Oriental, qui vivait des échanges informels entre le Maroc et l’Algérie, est aujourd’hui en crise. Selon la chambre de commerce d’Oujda, «70% de l’économie de la région du Maroc oriental dépendent de la contrebande». « Nous estimons le chiffre d’affaire moyen de cette activité à 6 milliards de dirhams( 550 millions d’euros). Le secteur informel emploie plus de 10 000 personnes et couvre l’essentiel des besoins de consommation.»
Les camionnettes bourrées de jerricanes d’essence qui franchissaient la frontière tous feux éteints, se sont arrêtés. Le litre d’essence, acheté en contrebande en Algérie, est revendu trois plus cher au Maroc. De même les fruits et légumes marocains ne peuvent plus passer en Algérie.
« Ici à Oujda nous ne vivons ni du phosphate, ni de l’agriculture, nous vivons de l’essence de l’Algérie» lançaient des habitants d’Oujda à l'ancien Premier ministre Abdel Ilah Benkiran, lors d’une visite dans leur ville.
Depuis des années, l’oriental marocain cherche une stratégie de développement pour sortir de son isolement politique, géographique. Son économie a longtemps été basée sur l’agriculture et le secteur minier (charbon, fer), aujourd’hui tous deux en perte de vitesse.
La région se cherche un nouvel avenir
Le Maroc tente de tracer de nouveaux horizons, du côté du tourisme de masse grâce à sa côte méditerranée restée longtemps inexploitée, et de l’éco-tourisme dans l’arrière-pays encore authentique. Pour sortir la région de sa marginalisation économique, l’autre projet est de s’ouvrir au commerce méditerranéen par la construction d’un nouveau port en eau profonde dans la région de Nador.
Le Nador West Med, dont la construction vient de commencer, a vocation à desservir tous les ports de la Méditerranée occidentale et orientale.
Ce nouveau complexe renforcera la présence du Maroc sur les voies maritimes en Méditerranée, qui représente autour de 20% du trafic mondial. Le Nador West Med sera pour commencer un port de transbordement pétrolier et gazier. Il devrait recevoir 25 millions de tonnes d’hydrocarbures, 7 millions de tonnes de charbon et 3 millions de marchandises diverses. Le port sera, dans un second temps, doté de capacité de transbordement de conteneurs et d’une zone franche. Une réplique, pour la région de l’Oriental, du projet Tanger Med qui est aujourd’hui un grand succès. Le Maroc espère ainsi profiter de sa position stratégique entre Afrique et Europe, mais aussi entre Atlantique et Méditerranée.
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