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Le cobalt, pétrole du XXIe siècle, va-t-il enrichir l'Afrique?
Si le pétrole a été le moteur de la croissance au XXe siècle avec le moteur à explosion, le cobalt pourrait être celui du XXIe siècle avec le développement des batteries (informatique, automobile). Ce minerai, que l’on trouve en République Démocratique du Congo (50% des ressources et 60% de la production mondiale), voit ses prix exploser. Sans que cela profite forcément à la population.
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La France et la Chine ont annoncé la fin prochaine du moteur à explosion. Pour le remplacer, les batteries électriques (Li-Ion) sont pour l’instant la solution. Une solution qui ne peut se nourrir que de lithium et de cobalt.
Le prix du cobalt s’envole
Cet engouement pour l'électrique a des conséquences économiques qui se font déjà sentir. Le prix du cobalt, le matériau de base essentiel, s'envole. «Dans un monde 100% véhicule électrique, UBS a calculé que le cobalt est la matière première dont les besoins devraient le plus augmenter (+1928% comparé à la production mondiale aujourd'hui), derrière le lithium (+2898%), mais bien avant les terres rares (+655%)», rapportent Les Echos.
Mais au fait où trouve-t-on ce métal peu connu qu’on appelle le cobalt? Ce minerai bleu (celui des anciennes porcelaines chinoises), un sous-produit du cuivre, qui a vu son prix augmenter de 86% cette année, se trouve principalement en Afrique, en République démocratique du Congo (RDC).
Mais au fait où trouve-t-on ce métal peu connu qu’on appelle le cobalt? Ce minerai bleu (celui des anciennes porcelaines chinoises), un sous-produit du cuivre, qui a vu son prix augmenter de 86% cette année, se trouve principalement en Afrique, en République démocratique du Congo (RDC).
Les réserves mondiales de ce métal stratégique connues se trouvent surtout en RDC (50%), en Australie (20%) et à Cuba (14%).
Nickel mines are closing worldwide.
— Andy Oz (@AndyOz2) 31 août 2017
Cobalt prices skyrocket as production falls. pic.twitter.com/jqaCjkdtO4
La Chine investit massivement… en Afrique
Face au besoin d'«or bleu» (surnom du cobalt), la Chine, qui joue à fond la carte de la voiture électrique, a pris de l'avance. Elle a mis un pied au Congo, pays instable, où se trouvent les plus grands gisements de cobalt de la planète qui ont produit 66.000 tonnes des 123.000 consommées dans le monde en 2016.
«90% du cobalt du Congo, extrait dans la région méridionale du Katanga, est exporté vers la Chine. Plus d'un tiers, soit 24.500 tonnes en 2016, est produit par la société Mutanda, un complexe de mines à ciel ouvert à proximité de la ville de Kolwezi, détenue par la firme suisse, Glencore. Celle-ci vend ses minerais principalement à DongFang, une filiale du Huayou Cobalt chinois », précise la chaîne allemande DW.
Mais la Chine a été plus loin en signant l’un des plus gros contrats de l’histoire du pays et le plus gros rachat privé à ce jour: la cession par le groupe américain Freeport-McMoRan de la mine congolaise de Tenke Fungurume pour plus de 2,6 milliards de dollars (2,3 milliards d’euros). Avec cet accord pour la reprise de Tenke, «les entreprises chinoises contrôleront 62% de la production mondiale de cobalt raffiné, selon cabinet CRU», cité par Le Monde.
Always in mind#TheDRCongo #RDC #DRC #TheDRC & its role in terms of #cobalt #production #Economy#Mininghttps://t.co/vR65A0Zyea pic.twitter.com/d7lj7KXyLL
— Laure (@laure_app) June 10, 2017
Ce boom du cobalt profite-t-il à la RDC?
Si le cobalt fait l’objet de multiples spéculations, entre l’achat de stocks par des hedge funds et le transfert des mines entre les mains des Chinois, rien ne dit que les Congolais profitent de leur richesse. Pourtant, le pays tirerait 80% de ses ressources de l'exploitation du cuivre et du cobalt. Mais selon l'ONG Global Witness «plus de 750 millions de dollars de recettes minières payées par les entreprises aux organes de l'Etat en République démocratique du Congo ont été perdues entre 2013 et 2015». En cause, selon l'ONG, des réseaux de corruption peu éloignés du pouvoir...
Outre la question récurente de l'exploitation des matières premières par les grandes puissances, qui ne touche pas que le cobalt, la vente des mines a suscité des interrogations. L’ONG américaine Centre Carter a dénoncé le «manque de transparence» de cette transaction. Cette même ONG s'interrogeait en 2012 sur les retombées de l'exploitation minière: «La province du Katanga regorge de gisements riches en minerais de cuivre et de cobalt dont l’exploitation industrielle remonte à un siècle. La province est la région la plus riche du monde en cobalt. Pourtant, la majorité de ses habitants vivent dans la pauvreté.»
Un autre problème pour le pays est pointé. «Avec l’augmentation de la demande, l’extraction du cobalt se fait de plus en plus dans des mines artisanales congolaises, dans des conditions souvent déplorables. Généralement, des travailleurs – y compris des enfants – creusent avec un équipement de base dans des tunnels dangereux. Alors que le risque mortel d’effondrement est permanent, ils gagnent à peine assez pour se nourrir», notait le journal suisse Le Temps.
Des conditions d'exploitation mises en cause par Amnesty International qui estime que 20% du cobalt provient de ces mines artisanales. Amnesty indique que selon l'Unicef, «40.000 garçons et filles travaillent en tant que mineurs artisanaux dans le sud de la RDC, pour la plupart à l’extraction de cobalt». De quoi faire réfléchir sur la notion de voiture propre.
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