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La pauvreté n'est pas qu'un manque d'argent, un indice tend à le démontrer

L’indice de la pauvreté multidimensionnelle évalue les marqueurs de la pauvreté au-delà du simple niveau de revenu.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Sud-Soudanaise de retour dans son village en octobre 2019, après dix ans d'errance dans des camps de réfugiés. (ASHRAF SHAZLY / AFP)

L’indice de la pauvreté multidimensionnelle (IPM) est né du constat que "la pauvreté ne doit pas être réduite à son expression monétaire", comme l’écrit le think tank BSI Economics. Cela a été théorisé par Amartya Sen, prix Nobel d’économie en 1998. Le niveau de pauvreté est établi en fonction de l’absence de facteurs de "bien-être".

Cet indice écarte le seul indicateur habituellement utilisé, le revenu, qui selon les concepteurs de l’IPM ne fournit qu’une image partielle de la pauvreté. Les chercheurs y substituent 10 critères comme les biens mobiliers possédés (téléviseur, téléphone), la présence ou l’absence de sanitaires, la scolarité, la connexion du foyer au réseau électrique et même le sol de l’habitat.

Appréhender la complexité de la pauvreté

Pour la Banque mondiale, explique BSI Economics, "l'étude des domaines comme la santé, l'éducation, la vulnérabilité, le manque de pouvoir et le manque de parole sont particulièrement nécessaires pour appréhender la pauvreté dans toute sa complexité".

Le résultat donne un indice, produit du nombre de pauvres par l’intensité de cette pauvreté (la moyenne du nombre d’indices). Plus l’IPM est proche de 1, plus la pauvreté est importante.
En 2010, ce nouvel indice a été lancé pour 104 pays. Ainsi, pauvre parmi les pauvres, le Niger avec un indice de 0,60 comptait 15 millions de pauvres en 2012. Au second rang, on trouve l’Ethiopie et ses 78 millions de pauvres selon l’indice.

Un indice favorable aux Etats

Mais beaucoup, à l’instar de la chercheuse belge Francine Mestrum, critiquent cet indice. "L’affirmation du caractère multidimensionnel de la pauvreté permet de reléguer à l’arrière-plan la question du revenu et d’éviter une analyse de ses causes structurelles, écrit-elle. Un indice qui, en ce qui concerne la Banque mondiale, est compatible avec sa politique", ajoute la chercheuse.

"Il devient ainsi parfaitement possible d’atteindre des taux satisfaisants dans tous les domaines non monétaires de la pauvreté, sans éliminer pour autant la pauvreté monétaire et sans réduire l’écart de revenus entre les riches et les pauvres." Ainsi, sous-entend l’auteure, on peut s’enorgueillir de politiques qui dans les faits ont peu ou pas réduit la misère.

L'Ethiopie va utiliser l'indice 

Dans ce contexte, la commissaire à la planification et au développement de l’Ethiopie, Fitsum Assefa Adela annonce que l’objectif de son pays est de ramener le niveau de pauvreté à 19% de la population au cours des dix prochaines années. C’est l’une des principales priorités du premier plan décennal de l’Ethiopie. Pour autant, la commissaire précise qu’il ne faudra pas mesurer la pauvreté sur le seul critère économique, mais par le biais de l’indice multidimensionnel.

Il faut dire que l’Ethiopie est championne des bas salaires, argument choc de ses parcs industriels qui attirent les groupes textiles du monde entier.

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