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La bataille du pétrole en Libye pèse sur les cours mondiaux

L’or noir libyen n’en finit pas de susciter les convoitises. Résultat: après une période de consensus sur la question, les différentes factions libyennes sont reparties en guerre pour contrôler cette source de profit et les exportations de brut depuis l’est de la Libye sont suspendues. Un trou sur le marché mondial du pétrole qui contribue à la hausse des prix.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
8 Janvier 2016: épaisse fumée provenant d'un réservoir de pétrole après un incendie au terminal pétrolier Al-Sidra, près de Ras Lanouf, le long de la côte Nord de la Libye. La zone pétrolière est disputée entre les deux pouvoirs, celui de l'Est et celui de l'Ouest. (STRINGER / AFP)

La Compagnie nationale libyenne – loyale au gouvernement de Tripoli – a mis fin à ses exportations depuis les ports de Zouetina et al-Hariga. «En mettant fin aux exportations et, par conséquent, à la production, Tripoli cherche à bloquer le maréchal Haftar qui contrôle le croissant pétrolier et tout l’est du pays. En effet, il y a une semaine, Khalifa Haftar a interdit aux navires pétroliers d’accoster dans les ports de l’Est, sans la permission des autorités parallèles qui sont à ses ordres», note RFI. «Lundi 25 juin, le porte-parole de l’Armée nationale libyenne (ANL), commandée par le maréchal Khalifa Haftar, a annoncé que la gestion du Croissant pétrolier, principale plate-forme d’exportation du brut, relèverait désormais des autorités de Benghazi (Est) et non plus de Tripoli (Ouest)», précise Le Monde Afrique.


En clair, les exportations libyennes de pétrole sont une arme économique essentielle entre les mains des deux pouvoirs rivaux libyens et le contrôle des ports d’exportation un bon thermomètre des tensions politiques locales. Pendant un temps, malgré les divisions poltiques entre Est et Ouest, un accord s'était fait sur le partage des ressources pétrolières. Accord qui semble aujourd'hui abandonné.

Résultat: les pays occidentaux se sont sentis obligés de hausser le ton. Dans une déclaration commune, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France et l'Italie ont affirmé le 27 juin que «ces installations, la production et les revenus pétroliers de la Libye appartiennent au peuple libyen. Ces ressources vitales pour la Libye doivent rester sous le contrôle exclusif de la Compagnie nationale de pétrole, légitimement reconnue, et sous la seule supervision du gouvernement d'union nationale, comme énoncé dans les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU.» Bref, le pétrole libyen et ses revenus doivent être gérés par la NOC (Compagnie nationale de Pétrole), gérée par le gouvernement Sarraj, basé à Tripoli. 

Cette guerre du brut libyen n'arrange pas du tout le président Trump qui s'est fortement engagé en faveur d'une baisse des prix du pétrole. Il a poussé l'Opep et ses alliés à relancer la production et souhaite même que l'Arabie Saoudite continue en ce sens.


Mais les quelque centaines de milliers de barils/jour libyens qui manquent sur le marché mondial du pétrole jouent sur les cours du brut... à la hausse. Malgré l'accord de l'Opep du 23 juin qui consistait à remettre un million de barils/jour sur le marché. En effet, «avec le Venezuela qui tombe plus bas chaque mois et la question de l'Iran, c'est clairement un facteur haussier. La question maintenant est de savoir si cela va durer trois jours, trois semaines ou plus longtemps », observe Francis Perrin, chercheur associé à l'OCP Policy Center, cité par Les Echos.

Ce mouvement haussier, qui pèse sur les pays consommateurs, fait des heureux chez les producteurs. En Afrique notamment. L'Algérie a ainsi indiqué qu'elle allait augmenter sa production. Mais la hausse pourrait ne pas durer.

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