L'Afrique se bat pour accroître ses rendements en riz
Dans un contexte préoccupant de changements climatiques, la filière rizicole doit
devenir plus performante pour ne pas s'écrouler.
"Le riz est la principale source d’énergie alimentaire en Afrique de l’Ouest et la troisième plus importante pour l’Afrique subsaharienne dans son ensemble", souligne Harold Roy-Macauley, directeur général d’AfricaRice, le Centre du riz pour l’Afrique. La production tourne autour des 25 millions de tonnes. Le riz est cultivé dans 40 des 54 pays du continent. Pourtant, cette production ne couvre que 60% de la demande, et il faut importer chaque année autour de 10 millions de tonnes, soit 30% des exportations mondiales. Transformer le paddy, le riz brut, est donc une étape cruciale qui va influer directement sur le volume de riz commercialisé.
Ce qu’il faut savoir
Le riz franchit trois étapes. Au commencement est le riz brut, on l’appelle riz paddy. C’est celui de la rizière avant tout traitement.
Dans un premier temps, on le débarrasse de sa balle, la coque externe non comestible. Il devient alors "riz cargo", diminutif de "riz de cargaison", car c’est sous cette forme qu’il rejoignait auparavant les marchés occidentaux. C’est ce que le commun des mortels appelle "riz complet".
Débarrassé de sa coque, le riz perd en volume (de l’ordre de 50%) et également en poids (environ un tiers). Important pour le transport. Mais le riz va aussi perdre en conservation. Celle-ci ne dépassera pas les six mois.
Transformation ultime : le riz blanc
Le riz blanc est le résultat d’une nouvelle transformation. On retire le germe et le son, puis on polit le grain qui devient blanc et brillant. Le riz se conserve plus longtemps, est plus facile à cuire et plus digeste. Mais il perd tellement de nutriments, notamment les vitamines B1, B3 et le fer, qu’il faut l’enrichir avec les résidus du traitement précédent pour ne pas voir apparaître de carences alimentaires chez le consommateur régulier.
Pour remédier à cette perte de qualité nutritive, on procède à l’étuvage du riz. Avec cette méthode, le riz paddy est cuit à la vapeur. A la fois pour le débarrasser de son enveloppe externe, mais aussi pour conserver les nutriments qui, au cours de l’étuvage, retournent au cœur du grain. Ainsi, le riz étuvé conserve 80% de ses vitamines et le grain est bien plus facile à nettoyer.
Riz étuvé
Cette méthode est utilisée un peu partout en Afrique pour commercialiser la production locale. Principal défaut, la cuisson en étuve génère pertes et résidus. "Avant, on faisait de l’étuvage en versant directement du riz non décortiqué dans une marmite remplie d’eau, ce qui occasionnait beaucoup de pertes et de résidus", explique Ebiro Kadokalih, présidente d’une association togolaise de productrices, les Femmes vaillantes d’Anié.
Ici, à 200 km au nord de Lomé, la capitale du Togo, 12 agricultrices ont créé une coopérative en 2007, pour produire un riz étuvé de qualité supérieure, avec l’appui du Projet de Productivité Agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO).
Formation et matériel dernier cri ont permis d’atteindre le quasi triplement des rendements, avec 800 kilos de riz étuvé par semaine. Le travail est devenu moins pénible et plus rapide, et le temps dégagé permet de soigner le marketing.
De nouvelles techniques agronomiques, portant notamment sur le repiquage du riz, "a fait passer de deux à sept tonnes de riz par hectare les rendements", explique Ebiro Kadokalih.
La Côte d’Ivoire, pôle continental du riz
En Côte d’Ivoire également, l’amélioration des rendements est au cœur des projets agricoles. Découragés par les faibles récoltes et par les prix terriblement bas, les petits producteurs ont abandonné la culture du riz. Ainsi, explique la Banque mondiale, au cours des vingt dernières années, le pays a dû importer plus de la moitié de sa consommation.
Mais désormais, la Côte d’Ivoire se veut le pôle continental du riz. La première phase du Projet de promotion du riz local (Proril) s’achève dans quelques jours, et selon les observateurs, c’est un succès. Ici, près de Yamoussoukro, le projet a été largement plébiscité par la filière (80% des membres).
Ainsi, plus de 6 000 producteurs ont été formés sur 33 sites. L’utilisation de nouvelles techniques a eu une conséquence immédiate avec une hausse des rendements de 50%. Preuve que l'avenir n'est pas désespéré pour les producteurs.
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