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Crise des céréales, des pommes de terre : l'Algérie peine à nourrir sa population

L'Algérie traverse une grave crise économique renforcée par une crise alimentaire qui pénalise la population. Les prix explosent alors que le gouvernement veut abandonner le principe des produits de première nécessité subventionnés.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Labour dans un champ d'Ain Bessem en Algérie en 2004. (MARC GARANGER / MARC GARANGER)

Le blé est un élément essentiel de l’alimentation algérienne. Il est aussi un élément fondamental de la paix sociale. Si la céréale vient à manquer, que les prix grimpent, la grogne gagne la rue… ou pire. L’Algérie a importé plus de 300 000 tonnes de céréales de France lors de la campagne 2020-2021, étant ainsi le premier débouché hors Union européenne de l'Hexagone. Pour l’exercice en cours, l’Algérie devrait consommer 11 millions de tonnes de blé alors qu’au Maroc, les prévisions tournent autour de 10 millions de tonnes selon l’USDA, le département américain de l’agriculture.

Plus globalement, l’institution estime que l’Afrique du Nord émergera durant ladite saison comme le premier pôle d’importation mondial de blé avec 29,4 millions de tonnes de la céréale.

Crise de la pomme de terre

La pomme de terre constitue l’autre pilier du déjeuner algérien. Et dans ce domaine aussi, la disponibilité est garante de la tranquillité du pays. Or ces dernières semaines, l’offre en tubercule a été sévèrement chahutée et les prix ont atteint des sommets. 60, 90, 100, jusqu’à 140 dinars le kilo (0,89 euro). Un prix exorbitant pour un pays où le salaire minimum n’atteint pas les 20 000 dinars par mois (130 euros). Le ministre du Commerce, Kamel Rezig, a annoncé que le pays va avoir recours à des importations et imposer un prix fixe de 50 dinars le kilo (0,30 euro).

L’envolée du prix de la pomme de terre s’explique par différents facteurs. Déjà, la monnaie algérienne se déprécie face aux autres devises et les intrants comme les semences ou les engrais coûtent plus chers. Les engrais sont ainsi passés de 3 700 à 8 000 dinars (50 euros) le quintal. L’utilisation de semences locales pour tenter de réduire la facture à l’importation n’a pas eu le succès espéré. Les rendements ont en effet été réduits de moitié pour les semences locales.

Un prix réglementé alors que le pays se lance dans une vaste libération des prix des produits jugés de première nécessité : eau, pain, semoule, farine, etc. En tout 15 milliards d’euros de subventions que le budget de l’Etat ne pouvait plus supporter.

La météo s'en mêle

A cela s’ajoutent des problèmes météorologiques graves qui perturbent les semis d’hiver. A Tiaret, toutes les parcelles ne sont pas encore semées. A Bouira, la campagne a commencé avec un mois et demi de retard, rapporte le site internet TSA, mais on s’obstine à semer dans des conditions dantesques. Les tracteurs s’enfoncent dans la boue et le travail des semoirs n’est pas idéal. Il aurait fallu attendre que les sols sèchent après ces pluies diluviennes.

Mais c’est bientôt la fin de la saison idéale. "En octobre, suite au retard des pluies, le sol était trop sec. Les agriculteurs et les services agricoles ont préféré attendre les pluies pour semer. Mais celles-ci ont tardé. Résultats, des semis de blé qui s’éternisent."

Chaque jour de retard fait baisser le rendement par hectare de 25 kilos. Dans ces régions de l’Atlas, le blé doit être semé avant l’arrivée de l’hiver. Mais en milieu semi-aride rien n’est simple. Il faut plus de technicité alors que dans la région de Batna, selon un spécialiste, les semis se font encore à la volée, à la main.

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