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Crise d’Areva et mévente de l’uranium: le Niger dans la tourmente

Les nuages s’accumulent sur l’économie du Niger. Le groupe français Areva, en pleine restructuration, a annoncé une baisse d’activité sur une mine d’uranium d’Arlit. Plusieurs centaines d’emplois vont être supprimés. A terme, c’est l’avenir même de la filière uranium au Niger qui est menacé.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Vue de la mine Somaïr à Arlit. (AFP)

Areva est présent depuis 50 ans au Niger. Il exploite deux sites miniers dans la région d’Arlit, une ville à 240 km au nord d’Agadez, la porte du désert. Il y a Somaïr et Cominak.

Dans la terminologie d’Areva, le nom des sites et celui des sociétés exploitantes se confondent. Ainsi, Somaïr existe depuis 1971, nous dit le portail internet d’Areva. Il s’agit d’une mine à ciel ouvert et d’une entreprise dont l’Etat nigérien possède 36,4%. Le site a produit 2164 tonnes d’uranium en 2016, à raison de 2 à 3 kilos par tonne de minerai dégagé.

La filiale nigérienne d’Areva Somaïr va subir un sérieux plan social. Selon les syndicats, 200 agents sur 916 seront licenciés en 2018. S’ajoutent à ce nombre plus de 500 postes de sous-traitants. Le service de presse d’Areva au Niger a reconnu des difficultés, mais n’a pas donné de chiffre. «Les conditions du marché sont très difficiles et les prix de l'uranium très bas, à 20 dollars la livre. Somaïr doit adapter son organisation industrielle et ajuster ses effectifs.»

La cure d’amincissement s’annonce sévère. Au regard de la tendance mondiale, La baisse de l’activité minière sur Arlit est incontournable. Elle s’accompagne d’une baisse des investissements et de la flotte des engins, en particulier des camions chargés de remonter le minerai. Fatalement, le nombre de salariés ne peut que suivre à la baisse, en particulier les conducteurs d’engin.
 
La fin d’Areva au Niger ?
Areva pour l’heure ne dit rien de son avenir au Niger, qui représente actuellement 35% de sa production. Le groupe, restructuré autour de l’uranium depuis sa déconfiture, pèse six milliards d’euro de dettes. Les deux sites sont en fin de vie. Le troisième site, Imouraren attendra une conjoncture favorable avant d’être exploité, ou sera totalement oublié pour cause de miroir aux alouettes, comme l’explique le JDD.

Abondance d’uranium
Après la catastrophe de Fukushima, les 54 réacteurs nucléaires japonais ont été mis à l’arrêt.  Aujourd’hui, cinq seulement sont en service, tant la voie des recours à leur redémarrage est importante. L’Allemagne également a annoncé l’arrêt se son activité nucléaire à l’horizon de 2022. Conséquence: l’uranium abonde et le prix fléchit. Il a été divisé par deux et atteint 20 dollars la livre, loin de son record de 2007 à 135 dollars. Non seulement les prix sont bas, mais les stocks sont paraît-il «énormes». Aussi, les fermetures de mines se sont multipliées et Areva ne fait pas exception dans un environnement compliqué.
 
Conséquences pour le Niger
La fin de l’uranium serait un coup dur pour Niamey, quatrième producteur mondial, par la seule grâce d’Areva.
En premier lieu, il y a le chômage bien sûr et une menace sur un site qui n’emploie quasiment que des Nigériens. Que vont devenir ces gens? Pourront-ils résister aux sirènes des islamistes d'Aqmi ou autres?

Cette baisse de production est aussi, bien évidemment, un manque de revenu pour l’Etat qui perçoit une taxe sur le minerai. Or, un accord venait juste de faire passer cette redevance minière de 5,5% à 12%. En tout cas à Arlit, signe des temps, les salariés logés par la compagnie devront désormais payer leur consommation d’eau et d’électricité.

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