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Burkina Faso : l'attaque sanglante du 6 novembre pourrait peser sur la fragile économie du pays

Après l’attaque sanglante contre un convoi de travailleurs d’une mine d’or, les investissements étrangers pourraient être menacés au Burkina Faso.

Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Exploitation minière à Tambao, à 350 kilometres au nord-est de la capitale du Burkina Faso, Ouagadougou (photo de 2015). (AHMED OUOBA / AFP)

Officiellement, 38 personnes ont été tuées le 6 novembre 2019 dans l’attaque d’un convoi de travailleurs se rendant à une mine d’or de la société minière canadienne SEMAFO. Cette attaque ainsi que le climat d’insécurité qui règne dans une partie du pays pourraient remettre en cause une partie des investissements étrangers au Burkina Faso.

La SEMAFO a annoncé la suspension de sa production à la suite de cette attaque. Un mauvais signal pour le Burkina où la situation économique n’est pas au beau fixe.

"Un mauvais signal, notamment aux investisseurs étrangers"

Troisième producteur d’or d’Afrique de l’Ouest avec 52 tonnes par an, 11% du produit intérieur brut burkinabè, le pays est déstabilisé par plusieurs opérations armées. En bourse, "la société montréalaise Semafo a perdu 11% après l’incident, les investisseurs ayant été effrayés par la détérioration de la sécurité dans le nord et l’est de la nation africaine. Endeavour Mining, Roxgold et Iamgold ont chacune chuté d'environ 2%, tandis qu'Orezone a chuté de près de 6%", note le site Businessday (Nigeria).

"La suspension des activités de la Semafo, même temporaire, envoie un mauvais signal, notamment aux investisseurs étrangers", explique Didier Julienne, consultant en matières premières, cité par RFI. Des investissements étrangers qui ne cessaient de progresser ces dernières années dans un pays où pourtant les activités industrielles restent relativement marginales par rapport à l’agriculture (dont le coton). Laquelle représente 80% du PIB.

L’industrie aurifère est pourtant importante pour le pays. Elle est source d'emplois et de revenus. Elle a permis au Burkina de limiter le déficit de sa balance des paiements. Une industrie sensible aux cours internationaux de l'or mais aussi à la situation intérieure.

"Un contexte sécuritaire de plus en plus difficile"

La Banque mondiale estime la croissance du pays autour de 6% par an pour les années à venir, "perspectives toutefois sujettes à des risques internes et externes importants, tels que la menace terroriste", note la Banque mondiale. "A l’instar des autres pays de la sous-région, le Burkina Faso connaît un contexte sécuritaire de plus en plus difficile. Longtemps préservé, le pays est entré dans un cycle d’attaques terroristes de plus en plus fréquentes, surtout dans le nord du pays, près de la frontière avec le Mali et le Niger", estime l'organisation internationale.

La Banque Africaine de Développement a les mêmes craintes sur les conséquences possibles de la dégradation de la situation sécuritaire dans le pays. "Les attaques répétées ont créé une vague de panique à travers le pays. L'activité économique a ralenti. Les activités nocturnes et touristiques sont affectées. Les Occidentaux qui sont des cibles de grande valeur sont de plus en plus rares", note-t-elle.

Les derniers témoignages sur l’attaque contre le convoi se rendant à la mine de la SEMAFO laissent entendre que le bilan pourrait être beaucoup plus lourd qu’annoncé. De telles informations ne devraient pas aider à développer la confiance des investisseurs dans ce pays, pourtant un des plus pauvres d’Afrique.

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