Burkina Faso : la société aurifère SEMAFO attaquée pour la quatrième fois en 15 mois
L'assaut mené contre un convoi de salariés d'une mine d'or dans l'est du pays a fait 37 morts et 60 blessés.
Le convoi de salariés qui regagnaient la mine d'or située à l'est du Burkina Faso était composé de cinq autobus et était accompagné d’une escorte militaire. Le véhicule de tête a heurté un engin explosif, puis le reste du convoi a été mitraillé par "des individus armés non identifiés." Bilan : 37 morts et 60 blessés. En plus des salariés de la SEMAFO, des fournisseurs de la mine se trouvaient aussi à bord. Dans un communiqué publié le 6 novembre 2019, la société précise : "Le site de la mine Boungou demeure sécurisé et nos opérations n'ont pas été affectées. Nous travaillons activement avec toutes les autorités concernées afin d'assurer la santé et la sécurité de nos employés, entrepreneurs et fournisseurs."
Quatrième attaque contre la SEMAFO
Sauf que, selon le site internet du journal canadien La Presse, c’est la quatrième attaque en 15 mois dont est victime la SEMAFO sur ses deux sites miniers. Il s’agit, à chaque fois, d’attaques de véhicules de la société ou de la police qui protège les convois. 13 personnes avaient laissé la vie après les trois précédentes attaques.
Face à la recrudescence de ces attentats, SEMAFO a pris des mesures de protection pour les expatriés salariés sur le site et les cadres. "Ils ont notamment commencé à voyager par hélicoptère jusqu’à ces mines, alors que les employés nationaux continuaient d’être transportés par autobus", écrit La Presse. Mais désormais, c’est par avion, un Cessna Grand Caravan que voyagent aussi les salariés.
Société canadienne
La SEMAFO exploite deux mines d’or au Burkina. Des sites à ciel ouvert, une concession de 2000 km² à Mana au sud-ouest du pays et de 700 km² à Boungou, à l’est, celle qui a été visée par l’attaque. L’exploitation commerciale de Boungou a commencé en 2018 et devrait se poursuivre jusqu’en 2023.
Créée en 1996, la SEMAFO a été la première société aurifère industrielle au Burkina Faso. Près de 7 tonnes d’or ont été extraites dans le pays en 2018, selon le groupe. La société est également présente en Guinée et au Niger. L'entreprise, à capitaux canadiens, revendique une gestion éthique et finance en parallèle une fondation qui soutient les communautés locales dans des actions de développement économique, d’éducation et de soins. Selon la SEMAFO, 2% de ses bénéfices nets y sont consacrés.
Une cible pour les jihadistes
"Nous sommes déterminés à mener nos activités commerciales de manière à promouvoir le développement durable et à améliorer le bien-être social des régions dans lesquelles nous opérons", revendique la société sur son site internet.
Sur les 1200 salariés du site, le tiers vient de la région Est du Burkina Faso et 8% sont des expatriés.
La production d’or au Burkina est devenue une cible pour les jihadistes. C’est d’abord une pression économique car on voit mal comment l’activité peut se poursuivre normalement après un tel carnage. Or, le pays est devenu le quatrième producteur d'or d’Afrique. Il s’agit aussi de terroriser la population, en la dissuadant de travailler pour des compagnies étrangères.
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