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Avec Wizkid, la pop nigériane part à la conquête du monde

Le 12 novembre 2017 à Lagos, Wizkid, l'icône de l'AfroBeats nigérian, a remporté à 27 ans pour la deuxième année consécutive, trois récompenses, dont celle de meilleur artiste de l'année, aux African Music Awards (Afrima), l'équivalent des Grammy's. La pop nigériane, véritable révolution musicale, représente une industrie qui se chiffre en millions de dollars. Va-t-elle demain conquérir le monde?
Article rédigé par franceinfo Afrique
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Wizkid aux MTV Africa Music Awards (Mama) 2016. (Daylin Paul/ AFP)

Wizkid, de son vrai nom Ayodeji Ibrahim Balog, est un chanteur originaire des quartiers populaires de Lagos, la capitale économique et culturelle du Nigeria. En à peine 5 ans, il s’est imposé comme l’artiste au succès le plus retentissant de la nouvelle scène musicale africaine. Plus de 3 millions de personnes sont abonnées à son compte Instagram.
 
Il s’agit d’une véritable consécration pour l’artiste, car les Afrima font partie des plus prestigieuses récompenses musicales du continent africain, avec la participation de plus de 700 artistes. L'évènement, organisé en partenariat avec l'Union africaine, était diffusé en direct dans 84 pays sur 109 chaînes à travers le monde, selon les organisateurs.
 
Tous les DJ’s du continent veulent travailler avec la star de l’afro-pop nigériane. «Sa voix suave et cristalline, ses rythmiques épurées panachant afrobeat, hip-hop, dancehall et électro font danser les foules. Son style de dandy hipster africain, aussi élégant dans un jean slim que dans un costume de grand couturier ou un boubou traditionnel, fait craquer les dames et lui vaut les éloges des revues de mode, dont la version en ligne de l’édition américaine de Vogue», raconte Le Monde.
 
Le 1er mars 2017, Wizkid a signé  un contrat dont le montant dépasserait le million de dollars avec la maison de disque RCA Records/Sony Music International. «Le plus gros deal jamais signé par un Africain», s’enorgueillit-on dans l’entourage de l’artiste. Sony et Universal, en signant avec Wizkid, se sont enfin tournés vers la musique pop et non plus la world music de Salif Keita ou Youssou N'Dour pour conquérir un marché 100% africain. La manne financière est considérable.


De l’Afrobeat à l'AfroBeats
Depuis une petite dizaine d'années, avec les pionniers 2Face, D'Banj ou P-Square, des artistes émergent et mènent une révolution musicale sur le continent avec l'AfroBeats (avec un S), un nom donné en hommage à l'Afrobeat (sans S) des années 70. Ce genre né au Nigeria s’est propagé aussi vite que le rythme des basses dans les boîtes de nuit et sur les stations radio du continent.
 
«Les chaînes musicales telles que MTV (USA) ou Channel O (Afrique du Sud) ont eu un grand impact», explique Efe Omorogbe, manager de 2Face et directeur du label Now Muzik Limite. «Pour la première fois, tu pouvais être assis dans ton salon en Afrique du Sud et regarder les clips des artistes nigérians.»
 
Dans leur sillage, TRACE, chaîne française, est née et a lancé TRACE Naija (Nigeria en argot) il y a deux ans, avec environ 60% de musique nigériane, ainsi que TRACE Africa, l'une des chaînes les plus populaires en Afrique francophone, où environ un tiers de la programmation est exclusivement nigériane.
 
La multiplication de festivals ou d'événements tels que les Afrima permettent également aux artistes de se rencontrer, d'échanger et de faire de plus en plus de duos. Wizkid en est le meilleur exemple quand il chante My Soweto Baby (Ma chérie de Soweto, le grand township de Johannesburg) avec le DJ sud-africain DJ Buckz. Tous se battent pour réaliser des duos avec les Nigérians, car ils espèrent percer dans ce marché gigantesque de 190 millions d'habitants, où la musique est omniprésente dans la vie quotidienne.

All Africa Music Awards 2017 (PIE UTOMI EKPEI / AFP)

Une manne financière
De Guinée au Mozambique, du Botswana au Kenya, les nouvelles stars de l'afropop, icônes des jeunes Africains, parcourent le continent en jet privé et reçoivent partout le même accueil: des stades remplis à craquer et des foules en délire.
 
«Les Nigérians ont su mixer toutes les influences de l'afro-pop: le soukous congolais, le coupé-décalé ivoirien, le highlife ghanéen, le dancehall jamaïcain. (…) Ils ont créé un son pour toute l'Afrique. Ils ont créé la première musique panafricaine», explique à l'AFP Hugo Claveau, auteur du documentaire AfroBeats, from Nigeria to the world (produit par TRACE TV).
 
«C'est très intéressant ce qui est en train de se passer au Nigeria en ce moment. Le pays conduit la révolution de cette nouvelle musique. (…) En trente ans, je n'avais jamais vu ça», ajoute le spécialiste de la musique africaine, Banning Eyre.
 
«Les plus petits marchés regardent vers le Nigeria, les Tanzaniens ne peuvent pas faire de la musique que pour les Tanzaniens s'ils veulent en vivre», note Oris Aigbokhaevbolo, journaliste musical pour Music in Africa.
 
«On constate que le moment est venu pour les artistes comme Wizkid de s’internationaliser, ce qui constitue un début de révolution culturelle africaine, estime Michael Ugwu, directeur général de Sony Music pour l’Afrique de l’Ouest. Ils sont déjà au top en Afrique. Ils vont être au top dans le monde entier.»
 
Je veux «Emmener l’Afrique dans le reste du monde» déclare ainsi le chanteur.

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