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Arnaque à l'africaine: le procès des «Madoff béninois» s'est ouvert à Cotonou

Le procès très attendu des «Madoff béninois» s’est ouvert devant la Cour d'assises de Cotonou le 29 juin 2017. Plus de 150.000 Béninois ont été victimes d’une escroquerie financière d’envergure entre 2006 et 2010. Les fonds collectés illégalement sont estimés par le FMI à 155 milliards de francs CFA (230 millions d’euros). Une arnaque devenue presque banale sur le continent africain.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Manifestation dans les rues de Cotonou contre la vie chère (CHRISTIAN-ERIC AHONOU / AFP)

Vingt personnes sont jugées «pour association de malfaiteurs, escroquerie avec appel au public et exercice illégal d'activités bancaires et de micro-finance».

Sept ans après le plus gros scandale financier de l'histoire du Bénin, la justice tente de comprendre comment la société ICC-services a pu escroquer des dizaines de milliers de gens qui lui avaient confié leurs économies. Pour justifier le versement d’intérêts allant de 10 à 50% par mois, ICC évoquait des activités à haut rendement dans des gisements miniers ou dans les nouvelles technologies.
 
En fait, la fraude à la pyramide de Ponzi consistait à rémunérer les premiers investisseurs avec l'argent déposé par de nouveaux clients. Jusqu'à ce que le système s'effondre en 2010.

Une finance mal contrôlée 
Des milliers d'artisans, commerçants, des magistrats ont perdu toutes leurs économies dans cette affaire, certains ayant même emprunté de l'argent à des usuriers ou contracté des prêts bancaires pour pouvoir investir.
 
Sadiatou, autrefois commerçante prospère sur le marché de Cotonou, a confié à ICC-services «plus de cinq millions de FCFA» (7600 euros)… C'est un dépôt que je n'aurais jamais dû faire, dit-elle aujourd'hui. Mes activités en ont pris un coup. Ma santé aussi. J'ai déprimé pendant longtemps.»
           
«Je n'avais aucune raison de ne pas croire à cette affaire d'ICC-services. Des consœurs et des amis avaient fait des dépôts et recevaient les dividendes», explique une autre victime, Aline Aklassato, tisserande. «Moi-même j'ai perçu mes dividendes pendant deux mois, soit 300.000 FCFA (457 euros), avant que les difficultés commencent.»
 
Les escroqueries à grande échelle «sont en plein essor» sur le continent africain, explique à l'AFP Frank Engelsman, directeur de la société Ultrascan, spécialisée dans la fraude financière internationale.

Au Gabon, l'entreprise Bâtisseur de richesse (BR SARL) dirigée par Yves-David Mapakou, pasteur d'une église pentecôtiste reconverti dans les affaires, a floué jusqu'à 30.000 clients français et gabonais, en promettant elle aussi de faire fructifier les fonds. Une plainte a été déposée à Paris en août 2016.

Le Nigeria champion toutes catégories           
Le champion toutes catégories est sans conteste le Nigeria, géant anglophone de près de 200 millions d'habitants, où s'est développée une arnaque sur internet baptisée «419» (du nom de l'article du code nigérian la sanctionnant) qui a fait des ravages dans le monde entier, les sommes extorquées s'élevant à plusieurs milliards de dollars.

Le principe est de soutirer de l'argent par email aux victimes, avec des variantes allant de la loterie aux offres d'emploi, en passant par les rencontres amoureuses.

Ce type de fraudes, «parties du Nigeria, se sont ensuite répandues dans les pays voisins», notamment en Afrique de l'Ouest, où la police n'est pas formée pour enquêter sur des crimes transfrontaliers relativement sophistiqués, assure Frank Engelsman.
           
Et il n'y a pas de raison que cela s'arrête, selon le spécialiste: «Les infrastructures téléphoniques et internet se développent rapidement dans les grandes villes d'Afrique. Et c'est ce dont ces fraudeurs ont besoin pour communiquer avec leurs victimes.»
 

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