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Désertification: le Sahel s’organise pour stopper l’avancée du Sahara
C’est un projet ambitieux, initié en 2007 par les pays sahélo-sahariens. Ils veulent stopper l’avancée du désert du Sahara par l’aménagement d’une grande barrière de végétation, longue de 7000 km sur 15 km de large. Alors même que le réchauffement climatique risque d'impacter un peu plus chaque année la planète, les bailleurs de fonds ne se bousculent pas au portillon de ce beau projet vert.
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L’idée a été lancée en 2005 par l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo. Il s’agit de construire une grande barrière de végétation qui doit aller du Sénégal à Djibouti pour stopper l’avancée du désert du Sahara. La Grande Muraille verte serait accompagnée de bassins de rétention pour recueillir l'eau de pluie. Sont concernés : le Sénégal, la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Nigéria, le Tchad, le Soudan, le Soudan du Sud, l’Ethiopie, l’Erythrée et Djibouti. Un vaste programme de restauration des terres dégradées dans une région qui compte des dizaines de millions d’habitants.
Selon les spécialistes, quelque deux millions d’hectares de zones boisées sont perdus chaque année. Pour arrêter les dégâts, le projet prévoit de reboiser 15 millions d’hectares et de créer un ensemble d’activités agro-pastorales génératrices de revenus pour les populations locales touchées par la sécheresse.
Certains scientifiques restent sceptiques
Le chercheur français Marc Bied-Charreton a fondé et dirigé l’observatoire du Sahara et du Sahel. C’est un spécialiste des projets de lutte contre la dégradation des terres et la désertification. Il fait partie des scientifiques qui n’ont pas été convaincus par ce projet pharaonique. «L’idée de créer une muraille contre le désert est totalement incongrue et la grande majorité des scientifiques s’y opposent, explique-t-il dans une interview publiée sur le site terraeco.net. En vérité, «il est faux de dire que le désert avance et qu’il faut l’arrêter. Ce qui progresse, c’est la dévégétalisation des sols. Il faut donc protéger l’ensemble des sols et non pas construire des barrières de ce type qui sont vouées à l’échec», affirme-t-il. Pour lui, un projet d’une telle ampleur n’est pas réalisable. Il donne pour exemple le cas de l’Algérie qui s’y est essayée il y a trente ans et qui a échoué faute d’obtenir l’adhésion des populations.
Pour lui, la solution est de mettre en place une agriculture durable pour protéger les sols, en ne laissant plus les terres à nu pendant six mois de l’année, en limitant les labours, en mettant en place des rotations de culture et en diminuant les recours à l’engrais… Pour les sols qui ont perdu leur fertilité, suggère-t-il, il faut engager des actions de reboisement.
Ce n’est pas l’avis du chercheur français Gilles Boetsch qui suit de près l'évolution de ce projet. «L’idée n’est pas de faire une seconde Grande Muraille de Chine, mais de multiplier par 20 la densité d’arbres actuelle, en réalisant une coulée verte», dit-il. Il fait remarquer que dès le démarrage du projet, les scientifiques consultés ont fait le choix de planter des espèces végétales autochtones, capables de résister à une pluviométrie annuelle très faible. «Il a été décidé de ne planter que des arbres ayant une utilité sociale : l’acacia au Sénégal fournit la gomme arabique très utilisée en confiserie et en pharmacie ; le dattier du désert donne des petits fruits et une huile comestibles. Tous les arbres plantés peuvent également servir de matériaux pour construire des maisons ou élaborer des outils, soigner les hommes ou le bétail…»
Le Sénégal a pris une longueur d’avance
Directeur de recherche au CNRS, Gilles Boetsch est aussi Directeur d’un observatoire basé à Téssékéré au Sénégal qui scrute l’état d’avancement du projet de la Grande Muraille verte. Il observe que l’initiative avance bien au Sénégal qui préfigure ce que pourrait être la Grande Muraille verte : un endroit régénéré, qui modifie l’écosystème et le mode de vie des habitants en leur apportant des ressources nouvelles pour lutter contre la pauvreté. «Le Sénégal ouvre la voie, en plantant depuis 2006, environ 5000 hectares par an, soit deux millions d’arbres et arbustes», précise-t-il.
Mais il reconnaît que les financeurs ne sont pas au rendez-vous et qu’on est encore loin des 7000 km de verdure, censés relier à terme le Sénégal à Djibouti.
L’Agence panafricaine de la Grande Muraille verte, qui a tenu son troisième sommet à Nouakchott, en Mauritanie, le 27 juillet 2015, a aujourd'hui huit ans pour relever le défi. Elle s’est fixée une échéance pour stopper la progression du désert du Sahara. Ce sera en 2025.
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