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Des commandos en Libye pour éviter l’enlisement ?

Le Conseil de sécurité de l'Onu a adopté il y a un mois une résolution autorisant le recours à la force pour protéger les civils en Libye, mais depuis, en dépit des frappes de l’Otan contre les blindés de Kadhafi, la guerre s’enlise. _ Le ministre français de la Défense, Gérard Longuet a avoué dimanche que la guerre en Libye risquait de durer. _ Le président de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, Axel Poniatowski estime pour sa part que seul l'envoi de forces spéciales permettra d'éviter un enlisement de l'intervention de la coalition. Mais Alain Juppé reste hostile à un déploiement de forces sur le terrain.
Article rédigé par franceinfo
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Mis à jour à 15h15

Cela fait un mois que la coalition internationale frappe la Libye.
Des bombardements contre les forces kadhafistes, aux côtés de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis. Il s'agissait alors, sous mandat de l'ONU, de protéger les populations civiles contre le régime contesté.
Même si l'objectif a été en partie atteint avec le sauvetage in extremis de la ville de Benghazi, siège des insurgés dans l'est du pays, Kadhafi s’accroche. Il est au pouvoir depuis 1969 et la coalition n’arrive pas à le faire partir.
_ La guerre aurait déjà fait quelque 10.000 morts et 55.000 blessés, affirme aujourd’hui à Rome le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini. Selon des civils évacués, la situation est de plus en plus désespérée à Misrata et l'on déplorerait des centaines de morts.
“Il est impossible d'imaginer que la Libye ait un avenir avec Kadhafi”, ont martelé les présidents français et américain, ainsi que le Premier ministre britannique dans une tribune de presse.

Les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne ont affirmé la semaine dernière qu'ils ne cesseraient de pilonner les troupes de Kadhafi que lorsque ce dernier abandonnerait le pouvoir. Mais le flou entoure les circonstances dans lesquelles ce dénouement peut intervenir.
Après avoir vu son aviation clouée au sol et un tiers de ses armes lourdes détruites, Kadhafi a ordonné à ses troupes de dissimuler chars et artillerie dans des zones peuplées pour rendre les frappes plus difficiles.

A Cela s’ajoutent aussi les dissensions au sein de la coalition.
Depuis le début des frappes de l’Otan, seuls six de ses 28 Etats membres ont pris part aux opérations.
_ Le Washington post a révélé la semaine dernière que les forces de l'Otan seraient même à court de munitions.

L'envoi de forces spéciales en Libye

L'Alliance atlantique étant également embourbée en Afghanistan, les pays occidentaux ont exclu d'envoyer des forces terrestres en Libye, position qu'a réaffirmée le Premier ministre britannique, David Cameron, dans une interview à Sky News: “Il n'est pas question d'une invasion, ni d'une occupation.Il ne s'agit pas que la Grande-Bretagne déploie des bottes sur le terrain.”

Même son de cloche pour la France. Alain Juppé reste “ tout à fait hostile à un déploiement de forces sur le terrain”, a dit le ministre français des Affaires étrangères.
Pour Alain Juppé, la situation militaire en Libye est aujourd'hui “difficile, confuse” et une solution politique est nécessaire dans la mesure où“ il est probable (...) qu'il n'y aura pas de solution militaire.
Ce qu'on a peut-être sous-estimé, c'est (la) capacité d'adaptation de Mouammar Kadhafi”, a-t-il ajouté.

_ Pourtant de son côté, le président de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, Axel Poniatowski rappelle que l'usage exclusif de la force aérienne, imposé par la résolution 1973 des Nations unies, “montre ses limites face à des cibles mobiles et indiscernables du fait de l'imbrication des forces loyalistes et des forces insurgées”, ajoute-t-il.

_ Pour le député UMP, “sans information terrestre, l'aviation de la coalition évolue en aveugle et multiplie les risques de bavures”, dit-il.
“J'estime que l'on se dirige vers un enlisement inutile et des pertes importantes de vies humaines sans la mise en place rapide d'une convergence d'actions ciblées, entre les frappes aériennes et la désignation des objectifs sur le terrain, grâce à l'envoi de forces spéciales”, estime l'élu UMP.

Mikaël Roparz

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