Plongez dans l'univers créatif et bariolé du festival MASA d'Abidjan : un avant-goût du défilé de la Biennale de la danse de Lyon
Une équipe de France 3 Lyon a suivi les danseurs de la compagnie N'Soleh programmée lors de cette onzième édition. Organisé chaque année dans la capitale économique de Côte d'Ivoire, le Marché des Arts du Spectacle d'Abidjan s'est déroulé du 7 au 14 mars 2020.
A l'image de la Biennale de la danse de Lyon, Abidjan en Côte d'Ivoire organise chaque année le MASA. Un grand festival des arts et de la culture où la danse tient un rôle central.Une aventure exceptionnelle qui a pu voir le jour grâce à la passion du chorégraphe ivoirien Massidi Adiato et grâce à des rencontres essentielles entre la région d'Abidjian et la Métropole de Lyon. L’événement qui avait pour thème Afrique Monde a réuni du 7 au 14 mars, 82 artistes de 28 pays du continent.
Abobo gronde aux rythmes du défilé
Du centre de la capitale aux quartiers périphériques, notre voyage débute dans le district d'Abobo. Une commune située à 13 kilomètres du centre d'Abidjan, secouée pas de violentes émeutes en 2011. Mais le district, où se côtoient 1,5 million d'habitants est aussi une énorme réserve de talents et de créativité.
Le grand défilé qui a fait l'ouverture du festival Masa en est la preuve vivante. Plus de 2000 amateurs ont défilé en grande parade devant une foule médusée. Maquillages, tambours, costumes et masques, les danseurs ont offert un spectacle aux allures de carnaval. "Nous, les Africains, on aime être innovants et créatifs. On a toujours envie de donner", rapporte un artiste.
Sur deux kilomètres, les participants de tous les quartiers de la ville ont présenté des tableaux rythmés aux sons des musiques traditionnelles et urbaines. Une communion des âmes et des arts initiée par Massidi Adiato. "C'est une fierté pour nous que ça se passe à Abobo, car c'est une commune qui a une histoire particulière par rapport à Abidjan" explique le chorégraphe.
Passage de relais entre Abidjan et Villeurbanne
Initié en 1993 à Abidjan, le festival des Arts et de la Culture a beaucoup évolué. Il s'est notamment ouvert aux districts environnants de la capitale, comme celui d'Abobo. C'est en partie grâce à Patrice Papelard, directeur des ateliers Frappaz à Villeurbanne, que cette ouverture a pu avoir lieu et aussi grâce à de belles personnes. Comme Massidi Adiato. "Ils ont soulevé des montagnes, vous ne pouvez pas imaginer ce qui est en train de se passer ici, c'est la force et une image de la jeunesse", constate-t-il. Sa présence est comme un passage de relais entre Villeurbanne et Abidjan. Massidi Adiato a déjà participé à deux éditions du festival de rue Les Invites de Villeurbanne.
"Je veux de la discipline" assène le chorégraphe à ses danseurs avant qu'ils ne s'élancent dans le cortège. Une rigueur doublée d'une humilité fondée sur sa volonté de faire éclore le meilleur de son quartier. "C'est dans ces quartiers populaires que l'on trouve des talents, ils dégagent de la folie et des choses impressionnantes. Ils ont la solidarité et la cohésion en eux, ça les nourrit tout le temps !", s'anime-t-il.
Yopougon : terre de danse
Le périple nous mène à Yopougon. Une commune qui compte plus d'un million d'habitants. Dans la cité Aboulay DialoI, de nombreuses vocations de danseurs ont vu le jour. Parmi elles, la compagnie N'Soleh dignement représentée par Jordan Adou.
Le jeune homme de 22 ans répète dans la rue, sous les yeux émerveillés des passants. "Depuis tout petit, je rêvais de grande scène, mais au début je n'avais nulle part où m'entraîner, j'ai appris tout seul", nous confie l'ancien gamin de rue. Passionné, travailleur, il réussit à convaincre sa mère d'arrêter l'école pour approfondir son art. Grâce à cette discipline rigoureuse, il devient danseur professionnel et intègre la compagnie dirigée par Massidi Adiato.
Ici encore, le chorégraphe cherche le meilleur chez les personnes. "J'avais un rêve de prendre ces jeunes des quartiers pauvres et de les retrouver un jour aux Etats-Unis, au Japon par le talent", explique l'artiste.
A quelques mètres des répétitions, Dominique Hervieu, la directrice de la maison de la danse de Lyon. En tant que marraine du festival Masa, elle est venue rendre visite à Massidi qu'elle a programmé sur la scène lyonnaise. C'était il y a 20 ans, et les deux chorégraphes ont bâti une véritable amitié artistique. Et les échanges se poursuivent : dans quelques mois, la compagnie N'Soleh sera de la fête pour la 19e biennale de la danse de Lyon.
Le style jusqu'au bout des ongles
En Afrique, la beauté du costume tient un rôle aussi important que la qualité de la danse. A Yopougon où la compagnie N'Soleh a établi sa résidence, les ateliers de couture sont en pleine ébullution. A quelques jours du défilé, couturiers et stylistes s'affairent pour créer les plus beaux vêtements. Strass et paillettes pour illustrer le thème de l'Afrique-Monde de l'année."Dans le futur, tout doit briller, nous sommes restés dans l'ombre, mais maintenant tout doit sortir de l'ordinaire et briller pour que tout le monde soit joyeux", assure le styliste Falilou El Hadj. Près de 140 pièces et accessoires ultra futuristes habilleront tous les danseurs et figurants de la troupe. "C'est la culture d'une Afrique nouvelle et contemporaine", conclue Massidi.
Dans quelques mois, le talent des stylistes de la compagnie N'Soleh sera à découvrir lors du défilé de la Biennale de la danse de Lyon.
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