"Le Gendarme de Abobo" : la comédie qui fait recette en Côte d'Ivoire
Michel Gohou, l'un des acteurs africains les plus populaires en Afrique de l'Ouest, est à l'affiche du film "Le Gendarme de Abobo" d'Anton Vassil.
Le Gendarme de Abobo, signé par le Français Anton Vassil et porté par le comédien ivoirien Michel Gohou, star dans son pays et en Afrique de l'Ouest, fait un carton à Abidjan, la capitale ivoirienne, rapporte l'AFP. "Nous faisons autour de 15 000 entrées actuellement", indique son réalisateur contacté par franceinfo Afrique. Un record selon l'exploitant Majestic Cinema.
Le film est distribué par le groupe en Côte d'Ivoire depuis le 1er novembre 2019. "Nous avons une politique de promotion de la production locale (ivoirienne et africaine, NDLR). Un film africain est ainsi mis en avant dans notre programmation chaque mois. C’est la première fois que la sélection fait autant d’entrées depuis l’ouverture des salles Majestic en Côte d’Ivoire en 2015", explique à franceinfo Afrique Sylvain Agbré, le directeur d’exploitation du groupe, qui aujourd'hui avec ses six salles de projection dans la capitale ivoirienne, dispose de près de 1500 places de cinéma.
Michel Gohou, l'homme qui fait rire les Ivoiriens et leurs voisins
Après le racket de trop à la frontière entre la Côte d’Ivoire et le Ghana, l'adjudant chef Gokou, alias Michel Gohou que l'AFP surnomme désormais le "Louis de Funès africain", se retrouve parachuté à Abobo, l'un des quartiers les plus populaires de la capitale ivoirienne. Il doit bientôt faire équipe avec un collègue français, le fils illégitime du président de la France, incarné par l'acteur Ray Reboul. Sa dernière lubie : démanteler une cellule terroriste. Rien de mieux donc que la Côte d'Ivoire qui, jusqu'à preuve du contraire, ne compte pas de terroristes pour réaliser ce fantasque projet. Anton Vassil filme ce duo de bras cassés lâché à Abobo et qui va se retrouver dans de drôles de situations. Le cinéaste s'est entouré de deux co-scénaristes ivoiriennes pour écrire "Le Gendarme de Abobo". "On a beaucoup ri en écrivant les scènes", se souvient le réalisateur.
"Je savais que le film allait bien marcher, mais je ne savais pas à quel point. Le film touche les bonnes notes sur un tas de sujets. Le scénario parle à l'audience, évoque des thématiques qui touchent l'inconscient collectif... C'est un film bien écrit, fait professionnellement et on a de très bons acteurs", confie à franceinfo Afrique Anton Vassil, également co-producteur de la fiction.
Parmi eux, le comédien Michel Gohou qui doit sa popularité, entres autres, à la série ivoirienne "Ma famille", produite par l'actrice ivoirienne Akissi Delta et distribuée au-delà des frontières de la Côte d'Ivoire. Les Ivoiriens et leurs voisins de la sous-région ne lui résistent plus depuis quelques années déjà. "Le scénario a été écrit sur-mesure pour Michel Gohou. Beaucoup d'Ivoiriens qui ne l'avaient jamais vu jouer un tel personnage à l'écran découvrent à quel point il a du talent", indique Anton Vassil. "Le seul souci que j'avais, c'était la distribution. J'avais peur de ne pas avoir celle que je souhaitais. Mais nous avons été très bien soutenus par le groupe Majestic et j'en suis très content. Lorsque les choses sont faites avec professionnalisme, elles réussissent".
Une comédie sur-mesure qui atteint son public
Pour son précédent film, Laurent et Safi (2015), sorti en Côte d'Ivoire et auquel Michel Gohou participait également, le réalisateur français avait eu moins de chance. "La Côte d'Ivoire est pour moi le centre de l'Afrique francophone en terme d'audiovisuel. C'est un pays qui a toujours été très créatif. Mais le problème de la Côte d'Ivoire, qui était le même dans les autres pays francophones, c'est qu'il n'y avait plus de salles de cinéma". L'arrivée du groupe Majestic a changé la donne.
"L'émergence d'une salle de cinéma a permis une renaissance du cinéma local, note Anton Vassil. Les gens avaient perdu la culture du cinéma, parce qu'il n'y avait pas eu de salles pendant longtemps dans le pays. En 2014, beaucoup de gens se disaient : 'A quoi ça sert d'aller voir un film, je vais regarder le DVD'. Ils ont désormais repris goût au fait d'aller au cinéma. Ils comprennent qu'un film doit être vu principalement en salle et que tous les autres produits ne sont justement que des dérivés. Le fait d'aller voir un film sur grand écran le dimanche est rentré dans les habitudes des Ivoiriens. Il y a une culture du cinéma qui revient en Côte d'Ivoire et dans toute l'Afrique francophone.Tant qu'on n'a pas ses propres salles, on ne peut pas avoir son cinéma. Maintenant, qu'il y a des salles, on peut faire des choses en Afrique qui ne dépendent plus des subventions extérieures." Et Anton Vassil d'ajouter : "Tout le film a été produit au niveau du casting et sur le plan technique en Côte d'Ivoire".
Une production "made in Côte d'Ivoire" qui fait de l'ombre aux films internationaux, souligne son réalisateur. "Nous sommes maintenant en concurrence avec les films américains qui avaient, jusqu'ici, tendance à dominer le paysage cinématographique", affirme Anton Vassil. A titre de comparaison,"en un mois d'exploitation Le Gendarme de Abobo a rassemblé 15 000 spectateurs alors que Black Panther (succès mondial au box office, NDLR) en a réuni 22 000 au bout deux mois", note Nancy Aka, directrice commerciale et marketing de Majestic Cinéma. "Il y a un réel appetit pour cette catégorie de films (les productions africaines, NDLR) et nous veillons à offrir des produits de qualité".
Le succès de la comédie sur le territoire ivoirien offre de belles perspectives pour une distribution internationale du film, notamment grâce à sa tête d'affiche. "La Côte d'Ivoire a beaucoup exporté ses stars et Michel Gohou est un cas exceptionnel. Vous allez dans n'importe quel village au fin fond du Sénégal, par exemple, tout le monde le connaît. Michel Gohou est une superstar. Si un jour, il y avait un musée Grévin en Afrique, on l'y mettrait. Il fait rire tout le monde". Y compris son metteur en scène. "Pendant, le tournage, j'étais parfois obligé de tourner de nouveau une scène parce que soit on entendait mon rire, soit la caméra bougeait parce que je n'arrivais pas à me retenir." Anton Vassil peut continuer à sourire puisque les cocasses aventures du gendarme Gokou, alias "Le Gendarme de Abobo", risquent encore d'arracher des fous rires à certains.
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