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La Grande Vitrine expose à Arles une nouvelle génération de photographes africains

Article rédigé par franceinfo Afrique
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Avec l'exposition "MA GENERATION", les photographes Gabriel Dia, Polo Free, Pamela Tulizo, Alun Be, Darios Tossou racontent l’Afrique d’aujourd’hui.

Visible jusqu’au 30 octobre à la galerie La Grande Vitrine à Arles, l’exposition MA GENERATION présente cinq écritures photographiques sur l’Afrique contemporaine. Cinq regards essentiels, singuliers, indispensables.

"L’Afrique a beaucoup à offrir en termes de talents. On a tout ce qu’il faut pour cela. (…) Je rejoins cette grande communauté des artistes qui veulent raconter l’histoire de l’Afrique par eux-mêmes", déclare la jeune photographe Pamela Tulizo, née en 1993 dans la province du Nord-Kivu, en République démocratique du Congo. Avec sa dernière série "Enfer paradisiaque", elle s’interroge sur le paradoxe de son pays aux ressources abondantes, le paradis sur terre pourtant réputé comme étant l’enfer en raison des atrocités qui y sont commises. Avec l’épidémie de Covid-19, elle s’est interrogée sur les besoins indispensables des gens pour survivre en situation de crise (lumière, nourriture…). Pour illustrer cette démarche, elle a amené ses modèles dans des endroits populaires de Goma, habillées de somptueuses robes brodées de produits essentiels. Diplômée du Market Photo Workshop de Johannesburg, Pamela Tulizo a été lauréate de l’édition 2020 du Prix Dior de la photographie, en partenariat avec Luma Arles et l’Ecole de la photographie d’Arles.   (PAMELA TULIZO)
Gabriel Dia est né en 1985 au Sénégal. A propos de ses dernières photos, il raconte : "Cette série d’autoportraits rend hommage à une danse sénégalaise réservée aux femmes, le Sabar. Les hommes qui osent la danser se font traiter d’homosexuels. Cela fut mon cas à l’âge de 6 ans. Ce souvenir de ma mère venant me chercher en furie dans cette foule de femmes a hanté mon enfance et mon adolescence. Il a sûrement été décisif dans mon choix de m’exiler en France à l’âge de dix-huit ans, sous prétexte de faire des études. Aujourd’hui, je décide de danser à nouveau le Sabar, la tête coupée ou encore me dissimulant derrière un négatif qui opère comme un voile protecteur. Une façon d’affirmer mon homosexualité et de soulever la question de sa condamnation au Sénégal."     (GABRIEL DIA)
Polo Free, né au Cameroun en 1993, réside à Tanger depuis 2013. Photographe autodidacte et très impliqué dans le militantisme, il fonde l’association Voie des Migrants. Il rend compte à travers ses photos de la vie partagée avec des femmes et des hommes en transit, plus tout à fait de là-bas et pas encore d’ici. Il explore les sentiments qui les animent, les portent ou les accablent. Quelles traces laisse un chemin emprunté ou subi ? De quelle façon s’exprime et résiste l’humanité ? "Les sujets de mes portraits ne sont pas des migrants, les personnes que je photographie sont des voyageurs. Ils veulent voyager pour l’amour ou gagner de l’argent, par la curiosité et pour la découverte d’autres cultures… Ce ne sont pas des mannequins qui offriraient un portrait dénué de vie réelle. Ils ne sont pas anonymes, je discute avec eux pour les connaître et capturer l’émotion. Ils ont aussi des droits. Je reverse 10% de la vente des tirages aux personnes photographiées."    (POLO FREE)
Architecte de formation, Alun Be est né en 1981 à Dakar. Il est aujourd’hui un photographe portraitiste autodidacte. "Je fais partie de cette nouvelle génération d’artistes africains. On est allergique à la victimisation du continent africain, qui dit que c’est la faute aux différentes colonisations qu’aujourd’hui l’Afrique a du mal à émerger. Nous prenons en main notre destinée, nous racontons notre histoire avec nos propres mots et notre propre sensibilité. L’Afrique ne sera pas respectée tant qu’elle ne se respectera pas elle-même. Elle doit pouvoir admirer sa grandeur et pouvoir la faire jaillir." Avec sa série "Empowering Women", il fait le portrait de femmes – héroïnes africaines – qui pourraient toutes faire la couverture du magazine "Time" car parties de rien, elles ont construit des empires.    (ALUN BE)
Darios Tossou est un photographe béninois né en 1991. Titulaire d’une licence professionnelle en journalisme audiovisuel, il est amené à choisir la photo après des événements personnels. Sa série "Anonymous" est consécutive à une profonde remise en question qui pourrait se résumer par "qui suis-je ?" et pose la question de la prégnance de l’identité personnelle. "Chaque personne est composée de multiples identités. Le corps physique n’est qu’enveloppe matérielle. Je révèle avec ‘Anonymous’ les personnages qui sont au fond de chacun. Par la danse et la peinture, je fais apparaître les êtres issus de toutes nos richesses enracinées au plus profond de notre culture africaine."    (DARIOS TOSSOU)

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