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Journées cinématographiques de Carthage: fête du cinéma en Afrique, 28e prise !
L'édition 2017 des Journées cinématographiques de Carthage, en Tunisie, a été pensée par son directeur Nejib Ayed, comme une reconnexion à ce qui a fait à l'origine la singularité d'un festival dédié au cinéma arabe et africain, mais toujours au carrefour du monde.
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La fin du «bling bling» et un retour aux sources, a promis son directeur général Nejib Ayed sur la Croisette, en mai 2017, en donnant un avant-goût de la 28e édition des Journées cinématographiques de Carthage (JCC) qui se tiennent du 4 au 11 novembre 2017 en Tunisie.
«Son inspiration militante s'est certes quelque peu émoussée, eu égard au désenchantement ambiant dû à la politique minimaliste de la plupart des gouvernements africains et arabes en matière de cinéma. Mais les JCC restent un atout maître dans cette bataille, comme elles l'ont été pendant des décennies. Il suffit d'y croire», souligne Nejib Ayed. Les JCC, le plus vieux festival de cinéma du continent africain, ne devraient donc pas faillir à leur «objectif premier», celui de «la promotion du film arabe et africain». Les valeurs des différents prix attribués seront d'ailleurs doublés cette année.
Le meilleur (ou presque) du cinéma arabe et africain projeté en Tunisie
Quatorze longs-métrages de fiction sont ainsi en compétition pour décrocher le prestigieux Tanit d’or. Parmi eux, de nombreuses oeuvres primées et déjà saluées par la critique. Certains représentent leur pays à la 90e cérémonie des Oscars.
C'est le cas de Félicité du cinéaste sénégalais Alain Gomis, Ours d'argent à la Berlinale (Allemagne) et Etalon d’or à la dernière édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco). Même sort pour Inxeba (Les Initiés) du Sud-Africain John Trengove, qui a fait scandale dans son pays et sensation aux éditons 2017 du festival de Sundance (Etats-Unis) et à la Berlinale; Sheikh Jackson de l'Egyptien Amr Salama et The Train of Salt and Sugar du Mozambicain Licinio Azevedo (c'est la première fois que son pays tente l'aventure des Oscars).
En Attendant les Hirondelles de l’Algérien Karim Moussaoui et La Belle et la meute de la Tunisienne Khaouther Ben Hania, présentés à Un Certain Regard en mai 2017 à Cannes, sont également en compétition. Ce long-métrage, inspiré d’une affaire de viol qui a ébranlé toute la Tunisie, a été repéré lors de l’édition 2016 de l’Atelier Takmil qui apporte une aide à la finition à des projets distingués par un jury de professionnels.
Deux autres films, sélectionnés dans la catégorie longs-métrages, ont été repérés durant cette édition des Takmil. A savoir, le film burkinabè Wallay de Berni Goldblat et Vent du nord du Tunisien Walid Mattar. Volubilis du Marocain Faouzi Bensaïdi, récemment en compétition au Festival international du film francophone de Namur, est dans la course également pour le Tanit d'or.
Les guerres du Proche-Orient
A Carthage, la compétition des longs métrages évoquera les guerres qui hantent le Proche-Orient. Dans L’Insulte du Libanais Ziad Doueri, pour lequel l’acteur palestinien Kamel el-Bacha a décroché le prix de l’interprétation masculine à la74e Mostra de Venise, c’est celle du Liban qui a laissé de profonds stigmates. Quant à La Pluie de Homs du Syrien Joud Said, c’est celle qui endeuille et pousse de milliers de Syriens à abandonner leur foyer.
Dans la compétition consacrée aux documentaires, rétablie à l'occasion de cette 28e édition, on retrouve notamment Maman Colonelle du Congolais Dieudo Hamadi. Le film est le portrait d'une représentante des forces de l’ordre en République Démocratique du Congo (RDC) qui se bat au quotidien pour préserver les droits des femmes et des enfants.
Le documentariste sénégalais, Ousmane William Mbaye, présente Kemtiyu Cheikh Anta consacré à une icône intellectuelle et scientifique africaine, Cheikh Anta Diop. Dans cette sélection, on retrouve aussi La Bataille d’Alger, un film dans l’Histoire de l’Algérien Malek Bensmaïl qui retrace l’épopée du film de Gillo Pontecorvo, La Bataille d’Alger.
Le monde en toile de fond
Outre les films en compétition, les cinéphiles tunisiens découvriront chez eux, dans le cadre de la section parallèle Cinéma du monde, la Palme d’or de la 70e édition du Festival de Cannes, The Square du Suédois Ruben Östlund. De même que le film qui a y a décroché le Grand Prix, 120 Battements par minute de Robin Campillo. La fiction reconstitue le combat salvateur de l’ONG française de défense des droits des homosexuels, Act Up, pour une véritable prise en charge des malades du sida.
Les festivaliers découvriront d’autres films comme Lola Pater du réalisateur franco-algérien Nadir Moknèche et Une famille syrienne du cinéaste belge Philippe Van Leeuw. Oeuvre primée pour son scénario et son impressionnant duo d’actrices (Hiam Abbass et Diamand Abou Abboud) à la 10e édition du Festival du film francophone d’Angoulême. Petit paysan du Français Hubert Charuel y a aussi, entre autres, décroché le Valois de diamant du meilleur film.
Les JCC, qui réaffirment leur «tricontinentalité», feront découvrir aux cinéphiles des films d’Asie et d’Amérique latine. Dans chaque section, un hommage sera respectivement rendu aux cinématographies de l’Argentine et de la Corée du Sud. Sur le continent africain, l’Algérie et l’Afrique du Sud seront également à l’honneur pour cette 28e édition et le 51e anniversaire des JCC qui devrait, selon Nejib Ayed, «consacrer la fête, la fête du cinéma».
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