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En Côte d'Ivoire, la galerie d’art contemporain LouiSimone Guirandou présente deux expositions 100% en ligne

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min

Simone Guirandou-N’Diaye, historienne de l’art, a créé en 2015 un nouvel espace pour les artistes avant-gardiste africains. En raison de la pandémie de coronavirus, les expositions sont visibles sur internet.

Dans le cadre de la 13e édition de la foire d'art contemporain FNB Art Joburg (du 6 au18 novembre 2020), la galerie LouiSimone Guirandou propose l’exposition Racines. Les artistes Dimbeng (Côte d’Ivoire), Nù Barreto (Guinée Bissau) et N’Doye Douts (Sénégal) abordent à travers leurs œuvres les thèmes du déracinement, de la séparation et des souffrances de l’exil. "L’abandon et le renoncement sont des sujets abordés au même titre que l’espoir et la volonté d’une vie meilleure", explique la galerie.

Nù Barreto et deux autres artistes, Ablade Glover (Ghana) et Sess Essoh (Côte d'Ivoire), sont aussi présentés par la galerie à l’occasion de la 5e édition d'ART X Lagos, la foire d'art internationale d'Afrique de l'Ouest (du 6 au 22 novembre 2020).

9 œuvres illustrent ce propos.

Claudie Titty Dimbeng vit à Paris. "Mon travail est basé sur le Mixed Art Relief, une technique mixte où les formes, les couleurs et les matériaux, tels que le tapa (textile d'écorce) et le raphia, fusionnent, produisant une matière organique qui contribue au relief d'une œuvre abstraite ou figurative", explique l’artiste. Ce procédé met en relation sa culture d’origine avec celles de ses territoires d’adoption ou de passage favorisant ainsi le dialogue interculturel. Sa série "Derrière l’eau..." créée en 2019 symbolise l’espoir que suscite l’immigration. Elle dénonce la détresse des migrants, notamment lors de la traversée de la Méditerranée et ses innombrables noyades.      (DIMBENG)
N’Doye Douts vit entre Paris et Dakar. La Médina, un des quartiers de la capitale sénégalaise où il a passé sa jeunesse, est au cœur de son œuvre. "Les quartiers populaires sont d’abord une accumulation d’éléments et de couleurs. Et malgré la pauvreté, il y a une beauté qui vient des relations humaines. Ce sont ces choses que je veux partager avec ma peinture", déclare l’artiste. Grâce à l’enchevêtrement coloré des formes, des matières et des couleurs, de l’architecture et de la vie, le désordre urbain de Dakar acquiert alors une signification universelle.    (N'DOYE DOUT'S)
Nú Barreto est né en 1966 à São Domingos, dans le nord de la Guinée Bissau. Installé à Paris depuis 1989, il reste très attaché à sa culture et retourne régulièrement dans son pays d’origine. Depuis une quinzaine d’années, l’artiste peint des séries où le mot "funguli" apparaît (Pretu Funguli, Funguli Sapiens…). Ce terme d’origine créole signifie blanchâtre, quand la peau des hommes noirs devient grise et sèche comme la poussière à cause des nombreuses carences liées à la pauvreté. Sur ses toiles, les humains y sont représentés comme des pollens flottant dans l’air, des funambules en apesanteur, des ombres qui tombent. Nú Barreto traduit la brutalité et l’illusion de nos sociétés matérialistes actuelles. Sans équilibre, cohésion et harmonisation, nos vies restent suspendues à un fil.        (NU BARRETO)
Les travaux de Nú Barreto présentés à "ART X Lago" sont différents de ceux du "FNB Art Joburg". Avec une technique mixte alliant peinture, collage et récupération, les toiles sont ici comme des sculptures. Dans la série, "Etats Désunis d’Afrique", il revisite le drapeau américain sous les couleurs panafricaines. L’artiste entend dénoncer les fléaux qui frappent le continent africain, les désordres liés aux conflits entre les Etats, mais aussi ceux engendrés par une mondialisation sauvage. Les drapeaux recouverts de douilles de balles, d’épingles vaudou ou d’ossements invitent le spectateur à s’interroger sur la violence et la douleur, les traumatismes qu’elles engendrent. Son œuvre se veut le témoignage de l’histoire d’un peuple et de son continent.         (NU BARRETO)
Ablade Glover vit à Accra, au Ghana. La femme (mère, sœur, confidente, épouse), les marchés qui permettent de créer un lien entre village et ville, passé et présent, les foules et les paysages sont les thèmes abordés dans ses toiles. Sa technique de peinture en couches épaisses par touches au couteau est très classique et occidentale. Mais si ces images semblent abstraites au premier regard, elles offrent au final une vision réaliste de la vie quotidienne ghanéenne. Son travail figure dans de nombreuses collections publiques et privées.   (ABLADE GLOVER)
Né à Dabou en Côte d’Ivoire, Sess Essoh vit à Abidjan. Refusant d’être catégorisé, l’artiste utilise peinture, collages et poésie pour créer ses œuvres. Ses toiles réalisées sur des matériaux insolites (jean, plastique, portes, pages de cahiers ou de livres…) confèrent à ses images un caractère unique et une forte charge émotionnelle. Sess Essoh interroge notre mémoire collective pour aller au-delà des faux-semblants.        (SESS ESSOH)

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