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Congo : Brazzaville commence à renouer avec le cinéma

Une nouvelle salle de cinéma, construite par le groupe Bolloré, a été inaugurée le 18 avril 2019 dans la capitale de la République du Congo. Un premier équipement de ce genre, géré par une société congolaise, avait été ouvert en 2016, un quart de siècle après la fermeture de toutes les salles obscures de Brazzaville.

Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Entrée d'un complexe cinématrographique géré par Canal Olympia (Bolloré) à Ouagadougou (capitale du Burkina Faso). Photo prise le 24 février 2017. (AHMED OUOBA / AFP)

La nouvelle salle a été construite à Poto-Poto, quartier qui jouxte le centre-ville de la capitale. Il s'agit du second équipement de ce genre. En août 2016, "un cinéma de haut standing de 200 places", la MTN Movies House, avait été ouvert sur le Plateau des 15 ans à Brazzaville, comme le rapportait alors Jeune Afrique (JA). Un projet conçu par Cinebox, entreprise congolaise de distribution et d'exploitation cinématographique. Laquelle, rapportait JA, entendait investir "dans le top de la technologie pour assurer une diffusion (faisant) la part belle aux blockbusters américains et aux films français". Problème: MTN Movies House annonçait le 8 février dans un message sur Facebook "Ayant été ayant été victime d'un vol de matériels dans la nuit du mardi 5 février, nous serons temporairement dans l'obligation de suspendre nos diffusions"...

En 1991, toutes les salles obscures avaient été fermées après la dissolution de l'Office national du cinéma (Onaci) qui venait de faire faillite. Depuis, faute de repreneurs, elles ont été transformées en commerces ou lieux de cultes.

La renaissance du cinéma congolais

Le nouvel équipement de 300 places, installé à Poto-Poto, est financé par le groupe français Bolloré. Il dispose "d'une scène extérieure couverte, conçue pour accueillir des concerts et autres événements", dixit l'AFP.

La nouvelle salle "est une œuvre salutaire après presque trois décennies d'errance", a déclaré le ministre de la Culture, Dieudonné Moyongo. "Une ère nouvelle de relance s'ouvre avec son inauguration", a-t-il ajouté, cité par l'AFP. "Nous aimerions que nos films congolais soient également projetés dans ce genre de salle pour nous aider. Qu'il n'y ait pas seulement la projection des films western", a souhaité le jeune cinéaste  Massein Pethas.

Selon Jeune Afrique, le cinéma du Congo est en pleine renaissance grâce à "une génération montante de réalisateurs, des films sélectionnés dans les festivals internationaux, un public qui découvre les joies des salles obscures". Ces dernières années, des réalisateurs comme Ori Huchi Kozia (alias Kayser) et Amog Lemra ont produit des courts-métrages "remarqués par la critique internationale", fait valoir le journal. 

La stratégie africaine de Bolloré

Dans le cadre de son réseau Canal Olympia, le groupe Bolloré a déjà construit 11 équipements cinématographiques dans différentes capitales du continent africain, essentiellement francophones : Dakar, Conakry, Cotonou, Ouagadougou, Yaounde... Ils sont alimentés par des panneaux solaires développés... par le groupe Bolloré, selon Les Echos

"Tout marche bien dans les premières salles où les affluences sont parfois supérieures à ce qu'on peut observer dans les villes européennes", affirme Philippe Labonne, directeur général adjoint de Bolloré. "L'investissement dans le cinéma est porteur et s'inscrit sur le long terme", a-t-il ajouté. 60% des Congolais de moins de 20 ans ne sont jamais allés au cinéma, rapporte JA.

Une séance dans la nouvelle salle de Brazzaville coûte 1500 FCFA (2,29 €) pour un adulte (dans le cadre d'un forfait pour 19 séances) et 1000 FCFA (1,52 euro) pour un enfant. A titre d'exemple, en 2016, le droit d'accès à Cinebox coûtait 5000 FCFA (7,62 €) et 2500 CFA (3,81 €) pour les enfants.

Petit pays d'Afrique centrale, la République du Congo est riche en pétrole. Pour autant, la moitié des 5,1 millions d'habitants vit en dessous du seuil de pauvreté. Le PIB par habitant y était de 2336 USD (2077 €) entre 2014 et 2016, selon des chiffres de l'Organisation mondiale du commerce.

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