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Cinéma: des Trophées pour les œuvres produites dans l'espace francophone

Dans les pays membres de l'Organisation internationale de la Francophonie, on ne parle pas que le français et le cinéma en témoigne. Depuis 2013, les Trophées francophones du cinéma célèbrent cette diversité culturelle en faisant, chaque fois, halte dans une cité du monde francophone. Pour la 5e édition, les valises se sont posées à Yaoundé, au Cameroun.
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Une partie des films finalistes de l'édition 2017 des Trophées francophones du cinéma.

Que peuvent bien avoir en commun Diamond Island de Davy Chou (Cambodge), Divines de Houda Benyamina (France), Juste la fin du monde de Xavier Dolan (Canada), Foreign Affairs de Pasha Rafiy (Luxembourg), Heidi, un vent de liberté de Mohamed Ben Attia (Tunisie), Les Pharaons de l'Egypte moderneNasser de Jihan El-Tahri (Egypte), Tombé du ciel de Wissam Charaf (Liban) ou encore Wùlu de Daouda Coulibaly (Mali)?

Ces films font partie des 28 en lice pour décrocher l'une des neuf récompenses décernées dans le cadre des Trophées francophones du cinéma, manifestation organisée par l’Association des Trophées francophones du cinéma (ATFCiné).

Des films francophones mais pas toujours en français
Après Dakar, Paris, Abidjan et Beyrouth, la cérémonie de remise de prix de la 5e édition se tient le 16 décembre 2017 à Yaoundé, la capitale politique du Cameroun, pays bilingue où la langue est devenue source de tensions politiques

«Il y a de nombreux pays de la Francophonie qui sont bilingues, voire multilingues, comme la Belgique, le Liban, le Canada, le Luxembourg ou encore la Suisse. Les Trophées francophones du cinéma mettent en valeur la production cinématographique des pays de la Francophonie, quelle que soit leur langue de création», explique Alain Roccaproducteur délégué de cette 5e édition des Trophées francophones du cinéma.

Les films sélectionnés dans le cadre des Trophées peuvent être donc être tournés en arabe, comme Clash de l'Egyptien Mohamed Diab, ou en roumain, comme Sieranevada de Cristi Piu. Deux films qui ont déjà eu les honneurs de la 69e édition du Festival de Cannes. 

«Ce sont les Trophées francophones du cinéma et non pas les Trophées du cinéma francophone», insiste-t-il. «Le principe est de proposer un panorama de l’ensemble des productions de la Francophonie et de mettre un coup de projecteur sur la dynamique de la filière cinéma et audiovisuelle du pays d’accueil. Aussi, c'est le cinéma et l’audiovisuel camerounais dans son ensemble qui est mis en avant, pas exclusivement sa composante anglophone ou sa composante francophone.»

  (TFC)

De fait, «chaque pays membre de l’OIF (Organisation internationale de la Francophonie) et l’Algérie peut proposer jusqu’à trois films de long métrage, dont au moins un documentaire et un film de court métrage», affirme Alain RoccaIls doivent néanmoins répondre à certains critères pour être éligibles. 

Un comité de sélection, constitué des douze membres de l’association ATF Ciné, vote pour désigner les cinq nominés pour chacune des neuf catégories des neuf trophées. Mais le dernier mot appartient aux 150 membres de l’Académie francophone du cinéma et aux membres d'un collège complémentaire, dont le nombre est fixé à 50 personnes maximum, regroupant des professionnels travaillant dans le secteur cinématographique et audiovisuel du pays hôte des Trophées.

Depuis la première édition en 2013, l'évènement se distingue par son tropisme africain. Les industries cinématographiques balbutiantes du continent sont un terreau favorable pour donner corps à l'une des ambitions affichées des Trophées. «L'objectif, affirme Alain Rocca, est d'être un catalyseur dans le pays où les Trophées arrivent. L'idéal, c'est qu'une fois la manifestation terminée, les gens aient pris conscience de l'importance de la filière audiovisuelle et cinéma, qu'il y ait une prise de conscience chez les politiques et les professionnels de la nécessité et des possibilités de mise en place de politiques de soutien.»

Les films finalistes de l'édition 2017 des Trophées francophones du cinéma (TFC) (DR)

«Catalyseur»
En guise de bilan, après cinq éditions, le producteur délégué de cette édition estime que le but a été en partie atteint. «Le passage des Trophées donne un coup d’accélérateur à la dynamique cinématographique dans le pays hôte en étant la goutte médiatique qui permet d'enclencher des projets déjà en gestation».

«A l'instar, par exemple, précise-t-il, de la mise en place d'un fonds de soutien au cinéma d'un milliard d’euros déclenchée au Sénégal après la première édition à Dakar, alors que le projet était en gestation depuis plusieurs années; de la dynamique de reconstruction de salles en Côte d’Ivoire après la troisième édition à Abidjan ou encore de la mise en place d’accords de coopération entre le Liban et des pays comme la Belgique et le Luxembourg.» 

Des jeunes Camerounais touchés par le parcours d'un alter ego fictionnel cambodgien 
Avant la cérémonie de remise des prix, chacune des éditions des Trophées francophones du cinéma comporte des projections officielles et publiques des films finalistes. Cette année, Diamond Island de Davy Chou, coproduction franco-cambodgienne présentée à la Semaine de la critique au Festival de Cannes 2016 où il a décroché le Prix SACD, semble avoir envoûté le jeune public camerounais.

Peut-être parce qu'il se reconnaît dans les tribulations de Bora, 18 ans, qui a quitté sa campagne pour venir travailler sur les chantiers de Diamond Island, une île sur les rives de Phnom Penh, la capitale cambodgienne. «Nous avons été frappés par l'appétit de cinéma de la jeunesse camerounaise, confie Alain Rocca depuis Yaoundé. Ici, le film a enregistré le plus important nombre de spectateurs ayant assisté à l'une de ses avant-premières.»  


Des événements sont aussi organisés par et pour les professionnels du cinéma du pays d’accueil. De même, un prix du cinéphile est remis à l'issue d'un jeu concours sur la connaissance du cinéma francophone et du cinéma du pays d’accueil.

La cérémonie des Trophées est aussi l'occasion de distinguer une grande figure du cinéma du pays hôte. La cinéaste française Claire Denis, qui a vécu une partie de son enfance au Cameroun, est la présidente de la 5e édition des Trophées francophones du cinéma.

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