Côte d’Ivoire : les véhicules de l'Onuci pris pour cible
“Le secrétaire général” (de l'Onu) “est très préoccupé par ce
début d'attaques et d'incendies de véhicules des Nations unies
par des forces régulières et irrégulières loyales à M. Gbagbo”,
a déclaré à New York Martin Nesirky, porte-parole de Ban
Ki-moon.
Il a précisé que six attaques de ce genre avaient été
perpétrées hier, dont une impliquant un véhicule militaire qui
a été incendié.
D'après des responsables de l'Onu, une ambulance a reçu des
jets de pierre qui ont blessé le chauffeur et le médecin.
En privé, des responsables de l'Opération des Nations unies
en Côte d'Ivoire font état d'une situation de plus en plus
tendue et propice à l'affrontement dans la cité lagunaire.
Ils affirment que les forces loyales à Laurent Gbagbo ont
changé de tactique et, refusant la confrontation militaire,
poussent désormais la population à s'attaquer de préférence aux
véhicules de l'Onuci.
Cela complique singulièrement la tâche des casques bleus de
l'Onuci, forte de 10.000 militaires et policiers, pour riposter
à ces attaques dans ce pays puisqu'il n'est pas question pour
l'Onu de blesser des civils.
“Gbagbo est en train de monter ses foules en colère contre
l'Onuci ”, déclare un diplomate de l'Onu. “Et si les casques
bleus ouvrent le feu sur la foule, ce sera le chaos total.”
_ Certains responsables de l'Onu affirment redouter que le
président sortant ne cherche à provoquer les casques bleus à
tirer sur des civils dans le but de déclencher un vaste
mouvement de boomerang qui contraindrait l'Onuci à plier
bagages.
Un renfort de militaires
Laurent Gbagbo avait demandé en décembre le retrait de son
pays du contingent de l'Onu, ce à quoi s'est refusée l'Onuci en
contestant la légitimité de la requête du chef de l'Etat
sortant.
A New York, le Conseil de sécurité devait approuver aujourd’hui un renfort de 2.000 hommes en faveur de l'Onuci mais
selon des diplomates, le vote a été repoussé à la semaine
prochaine.
Les forces fidèles à Laurent Gbagbo ont levé hier leur
blocus autour du quartier d'Abobo, à Abidjan, qui avait été le
théâtre de heurts entre camps politiques adverses. Six policiers
y ont été tués mercredi. Il y avait eu cinq morts la
veille.
Par ailleurs, selon Navi Pillay, Haut-commissaire aux droits de l'homme de l'Onu (HCDH), un troisième charnier a été découvert en Côte d'Ivoire.
Les Nations unies se sont vu refuser l'accès aux trois sites, dont un qui contiendrait 80 corps, a-t-elle dit à Genève. Le troisième charnier se trouverait à Issia, près de Daloa, mais l'Onu n'a pu vérifier son existence, a ajouté son porte-parole, Rupert Colville.
Mikaël Roparz, avec agences
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