La renaissance du marché couvert de Bouaké en Côte d'Ivoire
C'est le poumon économique de la ville et de sa région au centre du pays. Sa reconstruction a débuté.
En 1998, le marché couvert de Bouaké, seconde ville de la Côte d’Ivoire avait brûlé. Jamais reconstruit, il a été remplacé par une myriade de boutiques et de box, le long des ruelles. Un capharnaüm sympathique où l’on trouve de tout comme en témoigne ce blog.
En août 2019, le feu frappait de nouveau. Détruisant notamment le marché aux oignons. Ce nouvel accident a peut-être incité les autorités à activer la reconstruction du marché dont on parlait depuis 20 ans. Car c’est le cœur économique de la ville, à la fois marché de détail et de demi-gros, produits alimentaires et manufacturés se côtoient.
Le plus grand marché couvert d'Afrique de l'Ouest
"Au marché de gros de Bouaké, tous les commerçants sont des grossistes", selon une étude publiée par Regardsuds. Ignames, céréales, fruits et oignons sont le premier secteur d’activité (étude de 2014). Selon cette même étude, gros producteurs et grossistes sont main dans la main par le biais notamment d’un groupe d’intérêts économiques. Selon les chercheurs, le revenu d’un gros producteur peut atteindre les 2 millions de francs CFA par an (+ de 3000 euros).
Du reste, pas moins de 8500 places sont prévues dans le nouveau bâtiment. D'un coût de 60 millions d'euros, financé par la France, le site, qui sera le plus grand marché couvert d'Afrique de l'Ouest, rassemblera les commerçants sur près de 9 hectares. Comme le précisait le maire de Bouaké, Nicolas Djibo : "on a profité de la reconstruction de ce marché pour revoir l’aménagement des abords du marché et du centre-ville", et c’est donc un projet totalement structurant pour cette ville d’un million d’habitants.
Inquiétude des commerçants
A cette occasion, les commerçants se sont inquiétés de la construction, peu de temps avant la pose de la première pierre, d’une nouvelle zone de 181 boutiques en contreplaqué, à l’espérance de vie bien limitée. Extérieur au futur marché elle est réservée à la boucherie et aux poissons, ce que la présidente de l’association de commerçants, Sarah Sanogo, ne voit pas d’un bon œil, selon le site internet Koaci.
"C'est un cri du cœur. Il ne faut pas nous enfoncer dans la pauvreté. Il faut permettre (aux commerçants) d'aller au grand marché. Je souhaite la transparence dans le dossier et que les responsables des commerçants soient impliqués dans ce processus", a déclaré Sarah Sanogo. "Il y a de graves contradictions. Il y a deux poids deux mesures. Les commerçants devaient déménager dans le grand marché au fur et à mesure en libérant les anciens sites. Subitement, un cinquième bloc fait surface."
On le voit, si la construction du nouveau marché démarre, quelques nuages sont présents au-dessus de lui. Il a fallu vingt ans pour lancer le chantier, et personne n’avance de date pour son inauguration…
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