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Attaque de Bassam: les Ivoiriens remontés contre la RTI, la télévision publique

Nombreux sont les internautes ivoiriens qui ont fait part de leur mécontentement sur le traitement de l'attaque de Bassam par la chaîne publique ivoirienne, la RTI. Ils ont été furieux d'apprendre les évènements tragiques qui ont endeuillé la Côte d'Ivoire par le biais des réseaux sociaux et des chaînes étrangères.
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Logo de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI) barré d'une bande noire en signe de deuil après l'attaque terroriste de Grand-Bassam (DR)

L'ire des Ivoiriens face au traitement de l'attaque de Bassam par la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI), la chaîne publique, a eu raison du directeur de l'information de la chaîne. Lanciné Koné a été suspendu de ses fonctions jeudi 17 mars 2016

«Le directeur général Ahmadou Bakayoko a diligenté une enquête pour comprendre les couacs pendant l’attaque terroriste de Grand-Bassam. Un match du championnat national de ligue 1 passait durant les événements, obligeant les Ivoiriens à s’informer sur les médias internationaux. Après son enquête, il a décidé de sanctionner le directeur de l’information»
, a confié une source anonyme à Jeune Afrique


«Foutaise»
Dimanche 13 mars 2016, dès la diffusion des premières informations sur le drame, les internautes ivoiriens ont pris d'assaut les réseaux sociaux pour reprocher à leur télévision nationale de ne donner aucune information sur le drame qui endeuillait leur pays, les poussant à se tourner vers d'autres sources. «J'ai mal très mal quand je veux des infos et que je dois aller les chercher sur les médias étrangers pendand que ma RTI celle à qui je reverse une redevance sur ma facture CIE me diffuse un match de foot. Foutaise.!!! (SIC)», peut-on lire sous un post de la page Facebook du gouvernement ivoirien publié le 13 mars 2016. 

«C'est maintenant que vous avez eu l'info hein avec votre média de service public de merde qui sert tout le monde sauf le public. Et au passage les redevances qu'on paye la j’espère que la RTI donne les 3/4 à France 24 vu que c'est elle qui nous informe. #FiotteTv#», réagit un autre internaute. Le chef du parti d'opposition Lider Mamadou Coulibaly faisait le même constat sur les insuffisances de la RTI. «Un ami prétend qu'à l'hôpital de Bassam on a vu 17 morts au moins.Vrai ou faux? À la RTI l'actualité est au football», écrit-il sur Twitter. 




 

Pour toute information relative aux événements de #GrandBassam, appeler la Cellule d'Urgence au 22-48-97-60 #gouvci

Posté par Gouv.ci Officiel sur dimanche 13 mars 2016
Capture d'écran des réactions à un post du gouvernement ivoirien sur Facebook (DR)


«Nous faisons face à une première, l'attaque terroriste» 
Le médiateur de la RTI Ibrahim Koné a reçu des messages de la même tonalité. Dans l'un d'eux, transmis à Géopolis, on peut lire: «Nous sommes déçus, déçus de cette image négative que la RTI colle à notre pays mais surtout humiliés par cette attitude» Et la téléspectatrice de poursuivre : «Nous avons (...) le droit de savoir ce qui se passe dans notre pays». 

Dans sa réponse, le médiateur souligne le caractère inédit de la situation pour la télévision ivoirienne tout en reconnaissant ses manquements. «Ce qui est arrivé à Bassam (...) a perturbé nos esprits, bouleversé nos cœurs et installé chez chacun d’entre nous le désarroi. Chez les politiques comme chez les professionnels, il était difficile de se retrouver parce que nous faisions face à une première dans notre histoire, l’attaque terroriste. C’est une situation dont la gestion à la RTI a posé problème (...) parce qu’elle a connu tout de suite une coloration politique. Et lorsque la politique s’invite dans de tels cas, le professionnalisme prend un coup. C’est ce qui explique les errements que nous avons constaté avec désolation». «S’il y a des freins, ajoute Ibrahim Koné, ils ne viennent pas toujours des professionnels qui ont besoin que le ton soit donné par les détenteurs de l’information.»

La RTI n'est pas la seule à essuyer les critiques des internautes. Les autorités ivoiriennes sont accusées de manquer de transparence, notamment sur le nombre de victimes, qui a été revu à la hausse. Le dernier bilan officiel, communiqué le 16 mars 2016, fait état de 19 morts. «L’Etat ne cache rien et en toute responsabilité prend en compte les corps trouvés», a déclaré le porte-parole du gouvernement Bruno Nabagné. L'attaque de Grand-Bassam a été revendiquée par le groupe terroriste Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).   

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