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Aboudia, espoir de la peinture ivoirienne

Son succès naissant, le jeune peintre ivoirien Aboudia le doit à des toiles impressionnantes sur la bataille d'Abidjan de 2011. Mais celui que l'on compare souvent à l'Américain Basquiat avoue surtout avoir pour inspiration «la vie de tous ces enfants qui traînent dans les rues».
Article rédigé par Jean Serjanian
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Le peintre Aboudia dans son atelier du quartier Cocody à Abidjan (AFP PHOTO / SIA KAMBOU)

Des corps suppliciés, des civils terrifiés et appelant à l'aide, des chars de soldats de l'ONU attaqués par une foule hostile, et partout le même chaos sous un ciel sombre. Les tableaux d'Aboudia retracent de façon crue les épisodes de la crise politico-militaire ivoirienne de décembre 2010-avril 2011, qui s'est conclue par dix jours de bataille à Abidjan et a fait quelque 3.000 morts.


Aboudia se définit comme un peintre de la rue



AFPTV, le 9 mai 2012


Ce peintre de 28 ans aux airs d'adolescent, fils d'une famille modeste d'Abengourou, grande ville de l'Est proche du Ghana, formé dans des écoles d'art à Abidjan, a été révélé dans la capitale économique ivoirienne grâce à une première exposition en 2007.

«Ca a été le flash, les gens ont tout de suite aimé, se bousculaient autour de luI», raconte le professeur Yacouba Konaté, critique d'art et incontournable activiste des milieux artistiques ivoiriens, qui le fit découvrir. Mais ce sont les tableaux grand format consacrés à la bataille d'Abidjan, qu'il a peints enfermé avec toiles et pinceaux en plein tumulte, qui lui ont ouvert les portes des galeries d'Europe et des Etats-Unis. A Londres, la prestigieuse galerie Saatchi a acquis plusieurs de ses toiles.

Inspiré par les graffitis
Plus que par les maîtres de la peinture, ses oeuvres sont en effet inspirées par les graffitis qu'on peut voir au fil des chaudes ruelles de la turbulente métropole aux quelque cinq millions d'habitants, où des grappes de gamins traînent ou tentent de survivre à coup de minuscules boulots ou de larcins.

«Les influences que j'ai subies, ça a été dans la rue. Sur les murs des quartiers de Treichville, Abobo, Adjamé, on peut voir ce que les enfants gravent pour exprimer leur colère ou ce qu'ils ont envie de faire, leurs rêves». Le phénomène ne semble pas près de s'arrêter. Dans son atelier paisible et lumineux Aboudia multiplie croquis, dessins, tableaux, souvent par séries, comme pris d'une inextinguible fringale.

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