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Côte d'Ivoire : Abidjan retient son souffle

Les forces républicaines de Côte d'Ivoire, fidèles à Alassane Ouattara, promettaient hier l'assaut final contre Laurent Gbagbo. Mais les miliciens du président sortant résistent. Dans ce contexte extrêmement tendu, les habitants restent terrés chez eux. D'autres décident de fuir. La France a pour sa part décidé le regroupement de ses ressortissants dans le camp de Licorne. Préalable à une possible évacuation.
Article rédigé par franceinfo
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"Il veut la guerre, on va faire la guerre"

Chasser Laurent Gbagbo et "installer le président démocratiquement élu, son excellence Alassane Ouattara". C'est avec cet objectif que les forces républicaines de Côte d'Ivoire entendent mener leur assaut final sur le palais présidentiel. L'envoyé spécial de France Info, Grégory Philipps, a rencontré ces soldats dans les faubourgs du nord d'Abidjan. Mille à 2.000 hommes, jeunes pour la plupart et prêts à mourir pour déloger Gbagbo. "Il y a eu une élection pour que la Côte d'Ivoire change, mais ça n'a pas changé. Il (Gbagbo) veut la guerre, on va faire la guerre!" lance l'un d'eux.

"Les politiciens ont foutu le pays en l'air"

Dans les rues d'Abidjan, quelques passants lèvent les mains au ciel lorsqu'ils croisent des militaires restés loyaux au président sortant. Abidjan, une ville fantôme désormais livrée aux combats entre les partisans de Laurent Gbagbo et d'Alassane Ouattara. Cette situation de guerre civile, c'est le pire scénario, estime un Ivoirien. "Je suis désemparé. J'ai jamais imaginé ça pour mon pays", témoigne ce professeur d'Université. Réfugié "au village", il se souvient du temps où "nous étions tous des Ivoiriens". Mais "les politiciens ont foutu le pays en l'air. Ils ont joué sur la religion déjà à la fin des années 90 et maintenant ils jouent sur la fibre ethnique", explique l'enseignant, qui ne voit pas comment sortir de cette crise.

"On vivait dans la crainte en permanence, ça devenait infernal"

Alors que les premières évacuations d'étrangers fuyant le chaos ivoirien ont débuté hier à Abidjan, le président français Nicolas Sarkozy a décidé "le regroupement sans délai" de tous les Français habitant la ville. Un éventuel rapatriement des Français de Côte d'Ivoire est une "question qui se pose et qui sera réglée dans les heures qui viennent", a en outre déclaré le ministre de la Défense, Gérard Longuet.

Dans l'immédiat, environ 170 personnes ont été acheminées au Sénégal ou au Togo. Il ne s'agit pas d'une évacuation générale. Elle s'est faite sur la base du volontariat. "Nous, on a eu la chance de pouvoir partir", témoigne Solange sur France Info. Cette Française de 43 ans et ses trois enfants ont fait partie du convoi pour Lomé. Évacués sur un vol militaire depuis la base de Port-Bouêt, où se trouve le 43e BIMA de la force française Licorne, ils sont arrivés hier dans la capitale togolaise, où ils sont hébergés à l'hôtel.

Le Quai d'Orsay évalue à 12.200 le nombre de Français actuellement en Côte d'Ivoire, dont 11.800 à Abidjan. Quelque 7.300 ont la double nationalité. Des ressortissants qui craignent aujourd'hui pour leur sécurité.
_ Paris a envoyé 300 soldats en renfort, portant à environ 1.400 hommes ses effectifs dans le pays. Dans ce contexte très tendu, la télévision d'Etat ivoirienne contrôlée par le camp Gbagbo a entamé hier la diffusion de violents messages contre la France.

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