Côte d'Ivoire: Abidjan reprend vie, tensions dans un quartier pro-Ouattara

Attendue dans la journée, une déclaration du Conseil constitutionnel, saisie par le camp du président sortant Laurent Gbagbo, pourrait invalider les résultats de la commission électorale et proclamer la victoire du chef de l'Etat, au risque d'une très grave crise.
Après avoir tourné au ralenti depuis le second tour du 28 novembre, la capitale économique commence aujourd’hui à retrouver son rythme habituel, les commerces rouvrent et les passants sont plus nombreux dans les rues, du quartier de Port-Bouët (sud) à Adjamé (nord).
Taxis et bus sont également plus nombreux. Les forces de l'ordre sont
relativement discrètes en ville.

Toutefois, dans le quartier d'Abobo, bastion de M. Ouattara qui a été récemment le théâtre de violences meurtrières, la tension est perceptible.
Des groupes de sympathisants, certains vêtus de T-shirt à l'effigie du
vainqueur proclamé hier par la commission électorale indépendante (CEI), et d'importants détachements des forces de l'ordre arme au poing, se regardent en chiens de faïence.

_ Autour des kiosques à journaux pris d'assaut par les passants, chacun y va de son commentaire.
“Ils n'ont qu'à faire ce qu'ils veulent, on a pris le pouvoir”, tranche un
électeur d'opposition en visant le camp Gbagbo.
“Tout est entre les mains de Dieu, toute la Côte d'Ivoire est en prières”, confie un autre, espérant qu'un drame soit évité.

L'armée ivoirienne a fermé hier soir toutes les frontières de la Côte d'Ivoire, après l'annonce de la victoire d'Alassane Ouattara à la présidentielle avec 54,1% des voix.
La France est montrée du doigt.
_ Les programmes de France 24 mais aussi ceux de Radio France Internationale (RFI), très écoutés et regardés par les Ivoiriens sont suspendus.

Paris fait appel à la responsabilité des dirigeants

Illustrant les inquiétudes de la communauté internationale à l'égard d'un scrutin jugé capital pour l'avenir du pays, le Conseil de sécurité des Nations unies a averti les parties ivoiriennes qu'il était prêt à prendre des “ mesures appropriées ”- synonyme de sanction dans le langage diplomatique – contre quiconque bloquerait le processus électoral.
Les Etats-Unis ont eux aussi appelé toutes les parties en présence à respecter les résultats.
_ La France a fait appel de son côté à la responsabilité des dirigeants ivoiriens pour que le processus électoral soit mené à bien “dans un climat apaisé”. Dans un communiqué diffusé hier soir par l'Elysée, Nicolas Sarkozy “lance un appel aux dirigeants et responsables ivoiriens concernés pour que le processus électoral, si bien engagé, s'achève rapidement dans un climat apaisé et ouvre à la Côte d'Ivoire une nouvelle ère de paix et de prospérité”.

Mikaël Roparz, avec agences