Pénurie de pièces de monnaie au Congo
A première vue, cela fait sourire. Plus de menue monnaie à rendre. D’autres pays, comme l’Italie dans les années soixante, ont connu cela. A l’époque à Rome, la différence se rendait en bonbons.
Un aspect gentiment folklorique qui masque pourtant une problématique bien plus sérieuse.
D’abord le constat n’est pas si innocent. Que faire si votre achat est impératif ? Ainsi, à la pharmacie, vous abstiendrez-vous d’acheter un médicament indispensable en raison du refus de rendre la monnaie ?
Il faudra aussi faire l’impasse sur le bus, quitte à rejoindre son travail ou son école en retard, ou pas du tout.
Alors, la population de Brazzaville n'a pas le choix et subit une hausse des prix redoutable. Ainsi, un chauffeur de taxi ne rendra pas la monnaie pour une course de 700 francs sur un billet de 1000, Il s'octroiera au passage une hausse de 43% de sa course.
La pénurie se double de la rumeur. Les pièces de 5,10 et 25 francs CFA sont refusées par certains commerçants au motif, erroné, qu’elles ne sont plus en circulation.
Mais la raison de cette pénurie demeure sans explication. Certains évoquent l’utilisation des métaux de ces pièces pour en faire des bijoux. Un usage artistique est toujours possible, mais de là à générer une pénurie, il faudrait beaucoup d’artistes, même dans l’économie informelle.
De la même façon, on comprend mal pourquoi la population congolaise serait soudainement touchée en masse par un besoin de thésauriser.
En fait, la réalité est peut-être très triviale. Et si cette pénurie était organisée ? Faustin Akono dans son article publié sur le site internet de l’Agence d’information d’Afrique centrale ne le dit pas. En revanche, il pointe du doigt ceux qui s’enrichissent de cette situation : «Certaines personnes se trouvant dans le besoin abandonnent la différence au profit des vendeurs qui se frottent les mains, car si dans la journée plus d’une vingtaine de personnes laissent leur monnaie, quel est le profit du vendeur?»
La pénurie est un mal récurrent. Déjà en 2006, la Banque des Etats d’Afrique centrale émettait une nouvelle gamme de pièces dont l’objectif était de répondre à la demande. 1,25 milliard de francs CFA (environ 1,9 million d’euros) ont été injectés, en vain visiblement.
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