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Confusion en Guinée après la tentative de coup d'Etat

La tentative de coup d'Etat menée ce matin en Guinée par un simple capitaine, quelques heures seulement après le décès du "président-général" Lansana Conté, souligne les divisions au sein de l'armée guinéenne, considérée comme le pilier du régime.
Article rédigé par franceinfo
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L'armée est omniprésente en Guinée. Pour preuve, ce matin le chef d'état-major guinéen se trouvait aux côtés du président de l'Assemblée nationale et du Premier ministre lors de l'annonce du décès de Lansana Conté. Pendant les 24 ans de son "règne", le président-général avait fait de l'armée le pilier de son régime. Un pilier fissuré, divisé par des luttes internes, une forte polarisation ethnique et une déconstruction hierarchique entretenue par le vieux dictateur.

"Les généraux n'ont pas de pouvoir réel sur la troupe. Un coup d'Etat pouvait venir de n'importe où, sauf de la hiérarchie militaire, car les généraux participaient au système de Lansana Conté", selon Alioune Tine, le responsable de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'Homme (Raddho).

Pas étonnant dès lors que les militaires à l'origine de la tentative de coup d'Etat, ne réussissent pas à se mettre d'accord sur la personne appelée diriger la junte mise en place. Selon le chef des forces armées guinéennes, le général Diarra Camara, des tractations sont en cours au camp Alfa Yaya Diallo, près de l'aéroport international de Conakry. Et les putschistes seraient "minoritaires" dans les négociations.

Ce matin, un officier de l'armée guinéenne, le capitaine Moussa Davis Camara, avait annoncé la dissolution du gouvernement, la suspension de la constitution et la création d'un Conseil national pour la démocratie, chargé d'assurer l'intérim du pouvoir et de nommer dans les prochains jours un président et un gouvernement.

Une transition démocratique, c'est ce que souhaitent tous les pays du globe qui ont condamné l'usage de la force. Mais l'Union européenne, l'Union africaine et les Etats-Unis ont tous appelé à une "transition pacifique et démocratique" en Guinée. Et la France "à l'organisation d'élections libres et transparentes rapidement".

En juin, l'ONG International Crisis Group avait relevé dans un rapport que "beaucoup de Guinéens, y compris dans la classe politique, comptaient sur la possibilité d'une sorte de "bon" coup d'état militaire qui déposerait le vieux général et ouvrirait la voie à une transition démocratique parrainée par des officiers bienveillants et progressistes". Mais l'ONG prévenait que ce scénario "aurait peu de chance d'enclencher un processus démocratique de rupture avec le système Conté".

Anne Jocteur Monrozier, avec agences

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