Musique : Mayra Andrade, (r)évolutions rythmiques

En quatre albums, Mayra Andrade a réussi à honorer son pays, le Cap-Vert, tout en orientant sa belle voix vers un genre plus pop, plus occidental disons. C'est désormais l'Afrique moderne qui lui tend les bras.

La jeune femme rayonne sur ce disque aux saveurs urbaines, travaillé avec de jeunes beatmakers plein de fougue et d'idées à Abidjan. Ce n'est pas un hasard si la révélation de cette envie de renouveau est née après son déménagement à Lisbonne, ville-écho des rythmes africains modernes, il y a trois ans. "Partir a été une nécessité personnelle avant tout, explique-t-elle. J'ai vécu 14 ans à Paris et je me sentais devenir un peu tristounette [...] Lisbonne est très métissée, avec une modernité qui émane de ses quartiers".

Lisbonne et ses musiques luso-africaines m'ont permis de comprendre que j'avais aussi ma place là-dedans

Mayra Andrade

Ce nouveau cycle, c'est elle qui le dit, va de pair avec sa volonté de s'affirmer. Toujours sur la route, mais toujours ramenée à ses origines cap-verdiennes, Mayra Andrade doit faire avec des comparaisons souvent injustifiées avec la reine Cesaria Evora. Alors, avec cet album, elle a pris quelques décisions : "Me désinhiber et me libérer d'une certaine responsabilité que j'ai vis-à-vis de la musique traditionnelle du Cap-Vert".

À l'époque on me disait : 'Écoute, tu chantes bien mais n'invente pas trop, chante comme il faut, dans les règles de la tradition

Mayra Andrade

Touchante et pleine de vie, donc, Mayra Andrade, une chanteuse dont on entend le sourire sur disque ; pas facile de ne pas y succomber.

Mayra Andrade, Manga (Columbia). Album disponible. En tournée, le 19 février à Paris (la Cigale).