Au Zimbabwe, Mugabe contre lui-même
Le Zimbabwe n'en a pas encore fini avec ses chimères. C'est un pays en crise profonde qui aborde aujourd'hui le second tour d'une élection présidentielle entamée le 29 mars. Trois mois plus tard, une vaste campagne de violences s'est engagée contre l'opposition, pourtant vainqueur du scrutin. Au point que Morgan Tsvangirai, le leader du MDC ait annoncé dimanche son retrait en raison des intimidations dont ont été victimes ses partisans.
Telle est donc la situation pour Robert Mugabe. Dans un contexte presque surréaliste en 2008, le chef d'Etat se retrouve une fois de plus seul pour diriger son pays, alors que son parti, le Zanu-PF, a perdu des élections démocratiques et contrôlées. Omnipotent au Zimbabwe, mais complètement isolé sur la scène internationale.
Isolé, voire rejeté, si l'on en juge par les réactions acerbes que son comportement a suscité à travers le monde. Fait symbolique très fort, la reine d'Angleterre lui a retiré son titre de chevalier d'honneur. L'ancien président sud-africain Nelson Mandela a dénoncé la "tragique faillite du pouvoir" au Zimbabwe, et George W. Bush une "imposture" et un "simulacre d'élection".
Quant aux instances internationales, elles se retrouvent comme souvent dans l'incapacité d'intervenir. L'ONU a demandé l'annulation du scrutin, et condamné les violences, mais après ? L'Union européenne a indiqué, au même titre que la France, qu'elle ne "reconnaîtrait pas" le pouvoir issu du scrutin d'aujourd'hui. Enfin, l'Union africaine (UA) ne se réunit en sommet que lundi prochain.
Hier, Mugabe a affirmé qu'il pourrait "négocier", mais après le scrutin. Et Morgan Tsvangirai a immédiatement refusé. Ce dernier est toujours réfugié à l'ambassade des Pays-Bas, et son bras droit a été brièvement incarcéré.
Matteu Maestracci
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