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Au Cameroun, l'utilisation du préservatif progresse peu à peu

Malgré de récents progrès, le VIH touche toujours en Afrique 22,5 millions de personnes, soit les deux tiers du nombre total de personnes contaminées dans le monde entier. A l'occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida, reportage au Cameroun, pays touché par la pandémie mais qui enregistre des progrès.
Article rédigé par franceinfo
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La scène se déroule la semaine dernière sur le marché artisanal de Douala, la capitale économique du Cameroun. Un touriste français négocie des statuettes et propose au jeune commerçant de troquer une boite de préservatifs. Gagné ! La transaction est aussitôt conclue et très vite, les témoins de la scène – la plupart âgés de 16 à 25 ans – demandent à leur tour des préservatifs.

Au Cameroun, où le vagabondage sexuel est une réalité, l’utilisation du préservatif progresse en effet. Selon les chiffres officiels, on a consommé l’an dernier près de 25 millions de préservatifs dans le pays, bien plus qu’il y a 10 ans. Les comportements changent donc, sans doute grâce aux nombreuses campagnes de sensibilisation menées par les autorités. Des campagnes qui s’affichent notamment dans la rue, avec des panneaux appelant à la vigilance et à des rapports protégés. Dans les hôtels, il n’est pas rare de trouver des préservatifs gratuits dans les chambres.

Vaste campagne de dépistage

Mais les chiffres donnent le frisson. Selon les dernières statistiques officielles - qui datent de 2008 - 543.000 personnes vivent avec le VIH/Sida au Cameroun. Soit 5,3 % de la population pour la tranche des 15–49 ans. La maladie tue près de 40.000 personnes chaque année dans le pays. Même si les chiffres sont difficiles à vérifier, le gouvernement indique que c’est moins qu’au début des années 2000. En 2001 d’ailleurs, ONUSida faisait état d’un million de séropositifs au Cameroun, soit presque deux fois plus qu’aujourd’hui.

Pour juguler l’épidémie, le gouvernement tente aussi de promouvoir le dépistage. Dépistage dans la population à risque - un peu plus de 450.000 personnes ont été testées au VIH l’an dernier, 11,8 % étaient séropositifs, selon les chiffres d’ONUSida. Dépistage aussi des femmes enceintes et des couples qui souhaitent se marier. Mais dans les hôpitaux du pays, les moyens manquent pour prendre en charge les malades : pénurie de médicaments, matériel en panne, personnel soignant pas assez formé. Certains médecins regrettent le manque d’investissement de l’Etat, les moyens pour lutter contre le sida venant principalement du Fonds Mondial de lutte contre le sida.

Et sur le terrain, malgré toutes les campagnes de sensibilisation, les comportements à risque perdurent. Notamment chez les prostituées. A Douala, rue de la joie, le quartier chaud de la ville, les filles ne prennent pas systématiquement de précautions. Ce qui compte avant tout, c’est de faire de "bonnes affaires". Beaucoup de prostituées cèdent facilement aux clients qui exigent des rapports non protégés, surtout s’ils sont "bon payeurs". Et dans les zones reculées, comme le Nord, les messages de prévention ont toujours du mal à passer.

Armand Peyrou-Lauga

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