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Nouvelle Constitution : l’Algérie aussi se fâche avec ses binationaux

L’article 51 du projet de révision de la Constitution ne passe pas auprès de la diaspora algérienne. Même amendé, sous pression médiatique et politique, il écarte de certains postes les binationaux.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le président Abdelaziz Bouteflika lors de sa prestation de serment à Alger inaugurant son quatrième mandat, le 28 avril 2014. (Reuters - Louafi Larbi)

La diaspora algérienne ne décolère pas. Elle ne trouve pas sa place dans le projet de révision de la Constitution. Dans son viseur, l’article 51 qui stipule que «la nationalité algérienne exclusive est requise pour l’accès aux hautes responsabilités de l’Etat et aux fonctions politiques». Cela en est trop pour Chafia Mentalecheta, députée de la communauté nationale établie à l’étranger. Etablissant un lien avec le débat sur la déchéance de nationalité en France, elle s’insurge sur «l’acharnement contre les binationaux».
 
«L’amitié entre la France et l’Algérie n’aura jamais été aussi profonde tant les deux pays pour des raisons différentes comptent bien faire de leur société commune – les binationaux – des indignes de la citoyenneté de part et d’autre de la Méditerranée. Terroristes potentiels pour l’un et subversifs républicains pour l’autre, antidémocrates pour l’un et trop démocrates pour l’autre, immigrés pour l’un et émigrés pour l’autre, nationalité à dégrader pour l’un et nationalité à dénaturer pour l’autre, enfin cinquième colonne pour l’un et aussi cinquième colonne pour l’autre», écrit-elle dans un post sur les réseaux sociaux, largement repris par la presse algérienne.

Capture d'écran Facebook (DR)

Les différentes pétitions demandant le retrait de l’article 51 et la condamnation de «la discrimination entre Algériens» ont réuni des milliers de signataires.

 
Des partis politiques, dont le FLN (parti majoritaire), ont aussi appelé au retrait de l’article controversé. «L’Algérie a traversé une période difficile qui a provoqué un départ massif de ses cadres et de ses compétences à l’étranger. Nous avons des cadres (binationaux) compétents dans plusieurs domaines qui souhaitent participer au développement du pays. Cet article les empêche de le faire. Nous demandons son amendement», affirmait Amar Saadani, secrétaire général du FLN.

 
Amendé, non abrogé. Cette mobilisation a eu pour effet de pousser le président algérien Abdelaziz Bouteflika à revenir sur un projet qu’il a lui-même validé. Résultat : l'article 51 stipule désormais que «l’égal accès aux fonctions et aux emplois au sein de l'Etat est garanti à tous les citoyens, sans autres conditions que celles fixées par la loi. La nationalité algérienne exclusive est requise pour l'accès aux hautes responsabilités de l’Etat et aux fonctions politique.»
 
«En amendant un article qu’il venait de valider, le président Bouteflika se déjuge et prend le risque de relancer les interrogations sur les décisions prises en son nom. Depuis plusieurs mois, des acteurs politiques, à l’image du groupe des «19-4» (personnalités demandant à être reçues par le président), s’interrogent sur les capacités du chef de l’Etat à suivre les dossiers et à décider. La gestion de l’article 51 accrédite et renforce clairement cette thèse», tranche le site TSA.
 
Capture d'écran (DR)
 

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