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Algérie : Fernand Iveton retrouve sa rue après une grande mobilisation

En débaptisant la rue Fernand Iveton, la municipalité d’Oran ne s’attendait pas à une forte mobilisation des réseaux sociaux et des élus de gauche. L’ancien militant indépendantiste du Parti communiste algérien (PCA), guillotiné en 1957, a été réhabilité.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Rue Fernand Iveton à Oran (DR/Capture d'écran Facebook)

La plaque a retrouvé sa place sur le mur de la ruelle. Il a fallu des pétitions, une mobilisation des internautes et la montée au créneau des élus de gauche. En débaptisant deux rues, la mairie d’Oran ne s’attendait pas à un tollé médiatique. Ce sont les habitants de la rue Fernand Iveton qui avaient donné «l’alerte». Ils ont refusé le changement de nom. «Ils veulent guillotiner la mémoire de notre peuple», s’indigne un représentant du parti Mouvement démocratique et social (MDS, communiste).
 
L’initiative des autorités locales irrite les médias qui exigent la réhabilitation de Fernand Iveton. «La bêtise se conjugue à la honte, mais ceux qui ont commis le véritable sacrilège qui consiste à enlever à un chahid (martyr, NDLR) le nom de «sa» rue sont-ils conscients de ce que signifie cet acte? Apparemment, non. De plus, ils se sont lourdement trompés en pensant que l’indignité avait gagné tout le monde dans notre pays», ne décolère pas Algérie patriotique.

 
Ouvrier, communiste et militant de l'Algérie indépendante, Fernand Iveton fut le seul Européen condamné à mort pour «terrorisme» pendant la guerre d’Algérie. Il a été guillotiné le 11 février 1957, après le refus du président René Coty, du président du Conseil Guy Mollet et de…. François Mitterrand, alors Garde des Sceaux, de le grâcier. Selon l’ancien ministre des Affaires étrangères Roland Dumas, l’exécution du militant communiste serait, entre autres, à l’origine de l’engagement de François Mitterrand  pour l’abolition la peine de mort.


Sur les réseaux sociaux, l’indignation est unanime. 




Au lendemain de l’indépendance de l’Algérie, les autorités avaient débaptisé certaines rues (comme les deux grandes artères de la capitale, Michelet et d’Isly) en leur donnant des noms de héros nationaux, figures de la guerre (Larbi Ben M’hidi, Didouche Mourad...) et internationaux (Che Guevara, Kennedy...). L’une des plus grandes places d’Alger porte le nom d’un autre militant communiste, Maurice Audin, arrêté le 11 juin 1957 par l’armée française et longtemps porté disparu avant que le général Aussaresses ne reconnaisse avoir donné l’ordre.
 
Sur le plan littéraire, De nos frères blessés, de Joseph Andras (Actes Sud), livre consacré à Fernand Iveton, a reçu cette année le prix Goncourt du premier roman, un prix refusé par l’auteur. 

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