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Algérie: des heurts contre le mal de vivre

La jeunesse est de nouveau descendue ces dernières heures dans les rues de plusieurs villes d'Algérie pour protester avec violence contre la vie chère, le manque de logements et le chômage dans ce pays riche en hydrocarbures.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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  (Radio France ©Reuters)

La nuit dernière à Bab el Oued, un des grands quartiers populaires du vieux centre d'Alger, ce sont des dizaines de jeunes manifestants qui ont attaqué le commissariat local à coups de pierres. Ils ont également saccagé et incendié le magasin du concessionnaire de Renault réduisant en carcasses une dizaine de véhicules.
Phénomène devenu classique: ils ont enflammé de vieux pneus pour couper la route aux renforts tout comme au même moment d'autres jeunes de la banlieue ouest, à Cheraga, avec la même revendication.
Lundi soir déjà, des milliers de jeunes avaient bloqué des routes de Tipaza (70 km à l'ouest d'Alger), pour dénoncer aussi leurs conditions de vie difficiles.
Et hier à Oran, à 430 km à l'ouest d'Alger, la tension était visible:
des dizaines de jeunes ont brûlé des pneus, coupé les routes avec des troncs d'arbre et jeté des projectiles contre les automobilistes.

Plafonner les prix des produits de base

Le Quotidien d'Oran rapporte aujourd’hui que les jeunes avaient forcé un dépôt pour en voler des sacs de farine, au moment où le prix du pain est en hausse et qu'une pénurie de blé pointe.
Pourtant, depuis une semaine que des petits groupes dénoncent un peu partout leur mal de vivre, le gouvernement se veut rassurant. Hier, le ministre du Commerce Mustapha Benbada a affirmé que l'“Etat continuera à subventionner les produits” de première nécessité.

_ L'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) a plaidé pour le “plafonnement des prix des produits de large consommation”.
L'UGCAA a reconnu de fortes augmentations depuis le début de l'année atteignant jusqu'à 30% de certains produits alimentaires.

_ Il y a d'autres types de manifestations depuis des mois un peu partout dans le pays contre l'absence de logements sociaux, les passe-droits et la corruption. Dans le même temps, des bidonvilles illégaux sont rasés.

A l'aube de son troisième mandat, en 2009, le président Abdelaziz
Bouteflika s'était engagé à construire un million d'appartements manquants depuis le séisme de 2003 et le triplement de la population (35,6 millions d'habitants) depuis l'indépendance en 1962.
10.000 habitations ont été livrées cette année à Alger.
Actuellement, 75% des Algériens ont moins de 30 ans et plus de 20% des jeunes sont chômeurs, selon le FMI.
_ Cette situation les fait fuir vers l'Europe. Faute de visas, ils partent à bord d'embarcations de fortune au risque de leur vie. Tous les mois, les tentatives de dizaines d'entre eux échouent mais il n'existe pas de statistiques fiables sur cette émigration.

Mohammed Saib Musette, sociologue du Centre de recherches de l'économie appliquée au développement (CREAD), a tiré aujourd’hui la sonnette d'alarme. “Je crains que la situation s'embrase”, alors que le pays vit sous l'état d'urgence depuis la décennie noire anti-islamiste des années 90.
Même constat chez son collègue Nacer Djabi pour lequel ces événements “peuvent déraper” même si “ les émeutes sont devenues un sport national en Algérie ”.

Mikaël Roparz, avec agences

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