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Une banque pour 5 BRICS

Les dirigeants des pays émergents du groupe des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), réunis à Durban, ont décidé de créer une banque de développement commune destinée à financer des infrastructures, et qui devrait leur permettre de se passer de la Banque mondiale. Reste à s'accorder sur le financement et le siège de cette banque emblématique.
Article rédigé par Jean Serjanian
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Les présidents chinois Xi Jigping, sud-africain Jacob Zuma, brésilen Dilma Rousseff et russe Vladimir Poutine, lors d'un déjeuner au cours du sommet des BRICS, le 27 Mars 2013, à Durban. (AFP PHOTO/SOUTH AFRICAN GOVERNMENT/Jacoline Prinsloo)

La nouvelle banque devait être dotée d'un capital de départ de 50 milliards de dollars, soit 10 milliards par pays, mais de nombreuses questions restent en suspens et notamment le montant que chacun est prêt à apporter au capital et sur la répartition des voix.

L'Afrique du Sud, hôte de ce 5e sommet des BRICS jusqu'au 27 mars, espérait beaucoup de la création de cette banque, censée financer une partie des immenses besoins en infrastructures de sa région. Une initiative déjà annoncée en 2012 au précédent sommet en Inde. Mais le président sud-africain Jacob Zuma s'est contenté d'annoncer le lancement officiel de négociations, et non la création de la Banque comme certains l'espéraient.

«Nous avons décidé d'ouvrir des négociations formelles pour fonder une nouvelle banque de développement menée par les BRICS, destinée à nos propres besoins en infrastructures qui sont considérables, environ 4.500 milliards de dollars ces cinq prochaines années, mais aussi pour coopérer avec les autres marchés émergents et les pays en développement à l'avenir», a-t-il déclaré devant ses hôtes avant d'ajouter: «Nous sommes satisfaits par le fait que la création d'une nouvelle banque de développement est viable», a-t-il sobrement noté, sans un mot sur le siège de ce futur établissement que revendique son pays.

Les cinq referont le point en marge du G20 de Saint-Pétersbourg, en Russie, en septembre 2013, a-t-il précisé.
 

 
S'affranchir, entre autres, de la Banque mondiale

Lors de leur sommet de New Dehli, le 29 mars 2012, le bloc des cinq grands pays émergents avait plaidé pour la création d'une banque d'investissement destinée à financer des projets d'infrastructure et de développement.

Leur but : amplifier les échanges entre pays émergents, s’affranchir de la Banque mondiale, des réserves de change du Fonds monétaire international, de l’hégémonie du dollar et accessoirement transformer leur force économique croissante en influence diplomatique en dépit de leurs intérêts divergents.

En effet, bien que représentant à eux cinq plus de 40% de la population mondiale et 20% de l’économie mondiale, les BRICS forment un groupe hétérogène mené par la Chine, le PIB de cette dernière dépassant celui des quatre autres pays réunis.

Hégémonie chinoise
Deuxième puissance économique mondiale, Pékin fait figure de chef de file informel. En 2011, le pays était le premier exportateur mondial de marchandises dans le monde, reste le plus peuplé du globe avec ses 1,34 milliard d'habitants et continue d'être sur une pente ascendante en dépit d'un léger tassement.

Evalué à 8.250 milliards de dollars en 2012, son produit intérieur brut devrait encore connaître une expansion à faire pâlir d'envie Européens et Américains, avec +8,2% attendus en 2013 par le Fonds monétaire international.

A Durban, les deux principales économies du groupe, la Chine et le Brésil, ont marqué leur détermination à faire évoluer l'architecture financière et commerciale mondiale en signant un accord sur trois ans couvrant jusqu'à 30 milliards de dollars (23,4 milliards d'euros) d'échanges bilatéraux.

Le texte vise à faire en sorte que les relations commerciales entre Brasilia et Pékin n'aient pas à souffrir d'une nouvelle crise bancaire qui viendrait à assécher les financements en dollar.

«Si le marché financier mondial subissait de nouveaux chocs, avec à la clé une raréfaction du crédit, nous obtiendrions du crédit auprès de notre plus important partenaire étranger, il n'y aurait donc pas d'interruption du commerce», a expliqué le ministre brésilien de l'Economie, Guido Mantega.

De nombreux pays émergents craignent que les institutions des BRICS n'assoient un peu plus la domination des Chinois, de plus en plus présents. L'économie chinoise représente environ vingt fois celle de l'Afrique du Sud et quatre fois celle de l'Inde ou de la Russie.

Business Day rappelle d'ailleurs que la banque d'import-export chinoise Exim Bank accorde déjà davantage de prêts que la Banque mondiale, pour financer des projets Made in China.

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