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L'accablant héritage des anciennes mines d'or en Afrique du Sud

Les mines d’or ont fait la richesse de l’Afrique du Sud. Aujourd’hui, le secteur est en crise et les fermetures se multiplient. Mais ce n’est pas uniquement le chômage que les populations subissent. Des villes entières sont abandonnées, livrées à elle-mêmes.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Mineur en Afrique du Sud (REUTERS/Mike Hutchings)

Autrefois, l’Afrique du Sud était le premier producteur d’or du monde. Aujourd’hui, le pays n’est plus qu’au septième rang mondial. En 10 ans, la production a chuté de 40%. Les fermetures de mines se multiplient dans tout le pays. Plusieurs facteurs en sont la cause. Manque de rentabilité des filons de moins en moins accessibles dans un contexte de baisse des cours. Equipements vétustes qui pèsent sur la rentabilité. Mouvements sociaux étouffés par des lock-out et parfois fermetures administratives en raison du non-respect de la réglementation en matière de sécurité.

Selon La Tribune Afrique, l'équivalent de 112 millions de dollars n’a pas été extrait du sous-sol lors du premier semestre 2016, pour cause d’accidents, de grèves ou de fermetures administratives. Entre 2015 et 2016, le secteur, selon la chambre syndicale, a supprimé 40.000 emplois.

Le secteur minier en Afrique du Sud est loin d’être le paradis sur terre. Il suffit de se rappeler du drame de la mine de platine de Marikana et des 34 mineurs tués par les forces de l’ordre en 2012. Si les relations sont tendues entre mineurs et direction, le même rapport de force prévaut lors de la fermeture d’une mine. L'ancien propriétaire ne fait aucun cadeau. 


Ainsi, la mine de Blyvooruitzicht, à 80 km à l’ouest de Johannesburg, a été liquidée en 2013. En raison d’un litige entre les deux derniers opérateurs, les anciens mineurs n’ont obtenu aucune indemnité. Sur 300 foyers, deux sur trois reconnaissent ne pas avoir assez à manger et de quoi élever les enfants. Une communauté de 6000 personnes est livrée à elle-même. Le chômage y atteint le taux ahurissant de 75%, selon le rapport de l’ONG Lawyers for human Rights. Les habitants de la ville ont également perdu l’accès à l’eau et à l’électricité, payées jusqu’alors par la mine.

Le bilan environnemental est tout aussi catastrophique. Les déchets miniers n’ont pas été retraités après la liquidation. Ils exposent les habitants aux poussières radioactives. Les eaux usées s’écoulent désormais dans la rue depuis que les égouts ne sont plus entretenus. «Vous ne pouvez pas demander à une entreprise de réparer ce qu'elle n'a pas cassé», argumente à l’AFP l’ancienne direction. Selon elle, les syndicats «irresponsables» et un Etat peu coopératif ont conduit à la fermeture.

Pourtant, rappelle l’ONG Lawyers for human Rights, la mine était l’une des plus grandes et des plus rentables du monde. En 70 ans d’activité, elle a rapporté 1000 tonnes d’or à ses propriétaires. Pour la responsable de l’ONG FIDH, Alice Mogwe, «les entreprises ne peuvent pas débarquer, extraire les ressources, faire des profits grâce au travail des gens et s’en aller. Elles ont des responsabilités et des obligations légales.» D’autant que si le  secteur est en crise, le pays reste pourtant la troisième réserve d’or mondiale. Selon Pretoria, le sous-sol compterait 6000 tonnes de réserves. Un beau magot quand les cours remonteront.

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