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Afrique du Sud : quand les voleurs prennent goût aux avocats

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Les agriculteurs mettent tout en place pour se protéger des voleurs qui se ruent vers cet or vert.

Les vols d’avocats, un fruit destiné en grande partie à l’exportation, se multiplient. Dans la province du Limpopo, à Tzaneen, ville d'Afrique du Sud (nord-est) à 400 km de Johannesburg, les grandes plantations tentent de s’organiser. Gardes privés, clôtures, rondes de nuit… tout est mis en place pour contrer ce fléau qui touche l’économie et les emplois de cette filière.

11 photos de Guillem Sartorio illustrent ce propos

En Afrique du Sud, la plupart des plantations d’avocatiers se situent dans le Limpopo, une province située à l’extrême nord du pays. Une grande partie est exportée vers les Etats-Unis et l’Europe, où les consommateurs apprécient de plus en plus d’avoir à leur menu ces avocats riches en nutriments.     (GUILLEM SARTORIO / AFP)
Cet engouement pour le fruit vert a fait grimper son cours sur les marchés occidentaux, jusqu’à dix euros le kilo. Les entrepôts de gestion des stocks et les usines d’emballages de Tzaneen fonctionnent à plein régime. Mais ce succès a attisé la convoitise des voleurs et une véritable filière parallèle pour dérober à grande échelle les avocats s’est organisée autour des exploitations agricoles sud-africaines.      (GUILLEM SARTORIO / AFP)
Les auteurs de petits larcins se sont rapidement transformés en bandes organisées. Ces dernières années, les pillages de vergers se comptent en milliers de tonnes, les pertes en millions d'euros. Les pillards opèrent vite, la nuit, et visent particulièrement les fruits de première qualité destinés à l'export.    (GUILLEM SARTORIO / AFP)
Dans les grandes exploitations, les centaines d'avocatiers soigneusement alignés dépassent les deux mètres de haut. Pendant la fin de l’été austral, les branches des arbres sont lourdes, chargées de fruits charnus, prêts à être récoltés. Les voleurs ne s’y trompent pas. Jusqu'à 30 tonnes peuvent être dérobées en une seule nuit.     (GUILLEM SARTORIO / AFP)
Grâce à ses 250 hectares de vergers, l'exploitation Allesbeste exporte 1 500 tonnes d'avocats. Ces deux dernières années, elle a été la cible d’une vingtaine de raids crapuleux. Après avoir fait ses comptes, le directeur Edrean Ernst prévoit 14 000 euros de pertes dues aux vols en 2020. A cette somme s’ajoute le coût de la sécurité qui permet de faire baisser les vols, avant qu’ils ne reprennent au bout de quelques mois. "C'est un jeu du chat et de la souris", déclare-t-il à l’AFP.      (GUILLEM SARTORIO / AFP)
Malgré les millions dépensés en personnel de sécurité et en clôtures, dont une partie est électrifiée, cela reste très difficile à surveiller. Dans cette région rurale surplombée de collines, ni la police, ni les gardes ne peuvent efficacement couvrir de si vastes zones. "Ça fait le jeu des criminels. (…) Il y de plus en plus de voleurs, ils chargent des camions entiers", déplore Marius Jacobs (à gauche),  responsable avec son équipe de la sécurité d'une vingtaine de fermes.    (GUILLEM SARTORIO / AFP)
La nuit, à bord de gros pick-up, les gardes privés patrouillent dans les champs. Les voleurs sont traqués par des chiens. Quand ils sont pris en flagrant délit, ils sont neutralisés et remis à la police. "On a attrapé un minibus rempli, raconte l’un des gardes à l’AFP. "On fait de notre mieux, mais ça devient difficile."    (GUILLEM SARTORIO / AFP)
Phillip Mofokeng qui gère deux vergers de 83 hectares de fruits ajoute : "Certains viennent avec de grosses machettes." Mais avec la pandémie de Covid-19, pour compenser les pertes liées à la crise sanitaire, des propriétés ont été contraintes de réduire les coûts en taillant dans leur budget sécurité. Ces avocats arrachés avant d'être mûrs ne deviendront jamais "beaux et mous", ajoute M. Ernst, inquiet de voir les consommateurs finir par se détourner de ce mets.    (GUILLEM SARTORIO / AFP)
Sur un marché près de Tzaneen, chaque lot d'avocats porte un code barre pour tracer sa provenance. Un moyen de lutter contre le trafic. Mauritz Swart, chargé du contrôle des marchandises, repère facilement grâce à son œil exercé les petits bouts de tiges au sommet de chaque fruit. Car les voleurs, dans leur hâte, arrachent généralement les avocats en laissant un trou qui les exposent aux champignons et une oxydation prématurée.    (GUILLEM SARTORIO / AFP)
Sur les bords de route, des filets d'avocats sont posés sur des étals. Les fruits sont visiblement troués. A 1,70 euro le kilo, ils sont six fois moins chers qu'en supermarché. Ils viennent d'un "marché" voisin, assure un vendeur. "Ces vendeurs inondent le marché informel" et affectent les prix et la demande, explique M. Swart. Mais dans un circuit aux nombreux intermédiaires, difficile de remonter les filières.    (GUILLEM SARTORIO / AFP)
Et "la police ne prend pas ça au sérieux. (...) Ce n'est pas un meurtre, juste un vol d'avocats", regrette le contrôleur. Pourtant, "nous ne restons pas les bras croisés", assure à l'AFP le porte-parole de la police du Limpopo, expliquant que les vols ne sont souvent pas signalés. Mais pour les agriculteurs, l'enjeu va au-delà du seul manque à gagner car l'activité représente aussi des emplois.       (GUILLEM SARTORIO / AFP)

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