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Afrique du Sud : Pretoria prend ses distances avec Tel-Aviv

Pretoria abaisse officiellement le niveau de sa représentation diplomatique en Israël en faisant passer son ambassade au rang de bureau de liaison.

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Temps de lecture : 2 min
Des milliers de personnes défilent dans le centre-ville du Cap en Afrique du Sud, le 15 mai 2018. Ils protestent contre la mort la veille de 55 Palestiniens lors d'affrontements avec l'armée israélienne après le transfert de l'ambassade des Etats-unis de Tel-Aviv à Jérusalem. (RODGER BOSCH / AFP)

Est-ce la dernière sortie de Benjamin Netanyahu se disant prêt à annexer les colonies israéliennes de Cisjordanie qui a été déterminante ? L’Afrique du Sud a annoncé officiellement qu’elle abaissait le niveau de sa représentation diplomatique en Israël.

Une première étape

Le Congrès national africain (ANC), au pouvoir en Afrique du Sud, avait pris cette décision il y a 16 mois et ce projet est en cours d’exécution, a indiqué la ministre sud-africaine des Affaires étrangères le 7 avril 2019 à des journalistes à Johannesburg. "Nous n’allons nommer personne pour le poste d’ambassadeur en Israël, a déclaré Lindiwe Sisulu. Cela restera un bureau de liaison et fonctionnera à ce niveau-là", a-t-elle précisé. Selon RFI, elle a même décrit la décision de rétrograder l’ambassade jusqu’à nouvel ordre comme étant "la première étape" d’une prise de distance avec Tel-Aviv.

Un nouveau signal fort de l’Afrique du Sud à l’Etat Hébreu après le rappel de son ambassadeur en mai 2018, suite à la mort de 55 Palestiniens lors de la répression par l’armée israélienne de manifestations contre le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem.

Des liens très forts entre l'ANC et les Palestiniens

En août 2017, le parti de Nelson Mandela avait voté unanimement contre la venue d’une délégation parlementaire israélienne au Cap (Cape Town) dans le cadre d’une importante campagne diplomatique de Netanyahu en direction du continent. L’ANC a toujours entretenu des liens historiques très forts avec les mouvements de libération de la Palestine. Ce n’était qu’une question de temps avant que ses résolutions soient appliquées par le gouvernement, selon l’analyste Steven Gruzd interrogé par RFI.

"Ce n’est pas vraiment une surprise, car c’était discuté au sein de l’ANC depuis plus d’un an. Le gouvernement semblait réticent à appliquer cette politique. Alors pourquoi maintenant ? Certains diront qu’avant les élections, c’est une façon de gagner des votes. C’est peut-être aussi en réaction aux décisions américaines", a-t-il dit. "En tout cas, ce n'est pas nouveau, a-t-il insisté. Le mouvement "Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) militait pour ça depuis longtemps."

Toutefois, selon ce chercheur de l’Institut sud-africain des relations internationales, cette décision pourrait avoir des conséquences pour le pays : "Des études ont montré que cela pourrait faire perdre des investissements et des emplois, et Israël ne considérera plus l’Afrique du Sud comme pouvant être un acteur dans le processus de paix", a-t-il prévenu.

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