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Afrique du Sud : les Khoïsan réclament la reconnaissance officielle de leurs droits

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié Mis à jour

Des membres de l’ethnie la plus ancienne d’Afrique du Sud sont installés depuis trois ans devant le siège de la présidence, à Pretoria.

L’autoproclamé "roi Khoïsan" a été arrêté le 12 janvier 2022, puis libéré le lendemain, pour avoir planté illégalement du dagga (marijuana) dans le potager de son campement installé depuis trois ans devant l’Union Buildings, le siège du gouvernement Ramaphosa à Pretoria. Cette détention a remis sous le feu des projecteurs ce peuple – le plus ancien d’Afrique du Sud – qui lutte pour la reconnaissance de sa culture, de sa langue, et pour la restitution de ses terres.

Aujourd’hui on estime leur population à environ à 100 000 personnes, mais il y a plus de 20 000 ans, les Khoïsan formaient le plus grand groupe d’humains sur la planète. Ils font partie des quatorze groupes de populations constituant l’origine des hommes modernes et sont les premiers habitants de l’Afrique du Sud.    (SAMUEL DANIELL, 1805, DOMAINE PUBLIC)
Répartis dans plusieurs pays d’Afrique australe (Angola, Zambie, Zimbabwe, Namibie, Botswana et Afrique du Sud), les Khoïsan désignent deux groupes de populations : les San et les Khoï. S’ils partagent des caractéristiques physiques, linguistiques et culturelles similaires, les San sont des chasseurs-cueilleurs et les Khoï, des pasteurs (éleveurs nomades).        (SAMUEL DANIELL, 1805, DOMAINE PUBLIC)
Au XVIIe siècle, les Khoïsan sont les premiers à entrer en contact avec les colons hollandais. Réduits en esclavage ou exterminés pendant la colonisation, opprimés sous l’apartheid, ils sont rebaptisés par les Afrikaners (Sud-Africains blancs d’origine néerlandaise, française, allemande ou scandinave), "bushmen" ou "hottentots", un terme dérivé de leur langue à clics, le khoïkhoï.                (CHARLES DAVIDSON BELL, DOMAINE PUBLIC)
Depuis 2017, le chef d'une communauté autochtone qui se fait appeler "roi Khoïsan" et ses partisans campent devant l’Union Buildings à Pretoria, là où se trouve le bureau du président sud-africain Cyril Ramaphosa. Ils demandent à être déclarés première nation du pays, et exigent également que leur langue soit officiellement reconnue et proclamée langue nationale du pays.    (GULSHAN KHAN / AFP)
Malgré les réformes engagées par le gouvernement qui permettent aux plus pauvres de pouvoir acheter des terres cultivables, ils revendiquent d’avoir des droits fonciers et d’être déclarés propriétaires légitimes des terres volées par les colons. "On ne peut pas parler d’identité, sans parler de terres. Nous demandons au gouvernement la restitution de terres sur lesquelles nous pouvons vivre, produire et accéder aux ressources. Les ressources de cette terre appartiennent à nos ancêtres", déclare Philip Williams, fondateur du groupe militant Indigenous First Nation Advocacy, cité par l’AFP.    (GULSHAN KHAN / AFP)
Arrêté le 12 janvier 2022 pour avoir cultivé illégalement du dagga (marijuana) devant le siège du gouvernement à Pretoria, le roi a déclaré après sa libération le lendemain : "Il est maintenant temps de guérir la première nation. Nous sommes des gens de la terre. Nous avons besoin de la loi du pays. Nous avons besoin que la première nation soit restaurée. Trop d’injustices ont été faites à la première nation." Les Khoïsan demandent aussi que le mot "coloré" soit supprimé des documents gouvernementaux. Cette classification raciale qui date de l’apartheid figure encore sur des documents officiels pour désigner métis et populations autochtones.    (PHILL MAGAKOE / AFP)

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