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Africités: l'avenir du continent est dans ses villes

Africités, le sommet des collectivités locales africaines, s'est ouvert le 29 novembre 2015 à Johannesburg. L'idée de ces rendez vous, qui réunissent maires et membres de la société civile, est de refonder le développement du continent à partir de ses territoires et de ses populations. Rencontre avec Jean-Pierre Elong Mbassi, secrétaire général de Cités et gouvernements locaux unis d'Afrique.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le 7e sommet Africités a démarré ses travaux dimanche 29 novembre 2015 à Johannesburg,  en Afrique du Sud (GEOPOLIS/Michel Lachkar)

 
Depuis le premier sommet Africités en 1998 à Abidjan, les villes et les collectivités locales ont-elles acquis un réel pouvoir sur le continent africain?
Un réel pouvoir, non. Mais les collectivités locales ont obtenu une réelle reconnaissance. Ce qui manque encore, c’est un environnement favorable. Il y a aujourd’hui quatre pays qui mènent la marche en matière de décentralisation : l’Afrique du Sud, le Kenya, le Maroc et l’Ouganda. Tous les autres doivent faire de sérieux progrès. Ce qui fait défaut également, c’est un meilleur partage des ressources. Les collectivités locales d’Afrique ne mettent en œuvre que 10% des dépenses publiques, contre 60 % en Europe. Il faut que les villes aient la possibilité d’établir des partenariats avec les entreprises privées, emprunter, accéder aux marchés financiers, lancer des obligations… Pour cela, il faudra dans certains pays modifier les lois.

 
Quel est l’importance pour les élus locaux africains de se retrouver régulièrement ?
Le sommet Africités illustre toute l’importance des acteurs locaux dans le développement de l’Afrique. Tous les trois ans, il réunit  quelque 2000 représentants des villes et des collectivités locales. C’est un moment d’échanges, de partage d’expériences et d’expertises pour améliorer les services à la population. C’est probablement l’évènement le plus démocratique du continent auquel participent des élus locaux mais aussi de ministres et d’anciens chef d’état. Beaucoup de responsables africains n’ont pas encore pris conscience de la montée en puisssance des villes et des changements en cours sur le continent. Une ville comme Lagos, capitale économique du Nigeria, à un PIB équivalent à ceux du Bénin, du Niger, du Cameroun, de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso réunis. Ces grandes villes sont déjà des puissances économiques. C’est la frontière de demain, il faut comprendre et s’ouvrir à cette potentialité économique.
 
«Façonner l’avenir de l’Afrique avec ses populations : la contribution des collectivités locales à la vision 2063 de l’Afrique», c'est le thème de la 7e édition d'Africités. Pourquoi ce choix?
L'objectif d'Africités est d'amener les Etats à reconnaître l’importance des collectivités locales africaines et du développement à partir de la base, de passer de l’Afrique des Etats à l’Afrique des peuples. Il s’agit de façonner le futur pour atteindre l’objectif de l’Agenda 2063 de l’Union africaine (UA). 2063, soit un siècle après la création de l’OUA (Organisation de l'unité africaine, ancêtre de l'UA) en 1963. Pour aller vers l'Afrique que nous voulons, la participation de la société civile sera au cœur de la réflexion à Johannesburg. Elle sera représentée par des syndicats, des organisations paysannes, des associations de quartiers, de femmes, de jeunes… Jusqu’à présent, on a géré les villes pour les populations. Demain, il faudra gérer les villes avec les populations.

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