Afrique du Sud : deux fermiers blancs condamnés pour avoir tenté d'enfermer un Noir dans un cercueil
Ils ont écopé de peines de 19 et 16 ans de prison. L'affaire avait éclaté à cause d'une vidéo de la scène, et le procès a été très suivi dans le pays.
C'est une affaire qui illustre la persistance des tensions raciales en Afrique du Sud. Deux fermiers blancs qui avaient tenté d'enfermer un Noir dans un cercueil et menacé de le brûler ont été condamnés, vendredi 27 octobre, à 19 et 16 ans de prison, dont cinq avec sursis, par un tribunal de Middelburg, dans le nord-est du pays.
"Le comportement des accusés", Theo Martins Jackson et Willem Oosthuizen, âgés de 29 et 30 ans, "a été des plus déshumanisants et répugnants", a fustigé la juge Segopotje Mphahlele, pour qui leur attitude "attise les tensions raciales" dans le pays. Ils avaient plaidé non-coupable.
Une victime soutenue par le parti politique au pouvoir
Les faits remontent à 2016, mais l'affaire n'avait éclaté que plusieurs mois plus tard, après la diffusion sur internet d'une vidéo filmée au téléphone portable montrant le calvaire infligé à la victime, Victor Mlotshwa. Sur ce film de 20 secondes, le jeune Noir de 27 ans est allongé dans un cercueil flambant neuf, posé sur un sol rocailleux et poussiéreux. L'un des fermiers tente de fermer le cercueil, tandis que la victime gémit et essaie coûte que coûte de l'en empêcher.
Sur une deuxième vidéo tout aussi accablante révélée pendant le procès, le jeune homme supplie "s'il vous plaît, ne me tuez pas". "Pourquoi ne pas le faire alors que vous tuez notre ferme ?", lui rétorque un de ses agresseurs, qui menacent de jeter dans le cercueil un serpent ou de l'essence pour le brûler vif.
Pendant le procès, qui a suscité un grand intérêt en Afrique du Sud, les deux fermiers ont affirmé avoir seulement voulu effrayer la victime qu'ils avaient, selon eux, attrapée en train de voler des câbles de cuivre. Victor Mlotshwa a assuré qu'il se rendait faire des courses pour sa mère en coupant à travers champs. Il a notamment reçu le soutien du Congrès national africain (ANC), le parti au pouvoir.
Willem Oosthuizen et Theo Martins Jackson avaient été reconnus coupables de tentative de meurtre, enlèvement, agression et intimidation au terme de leur procès en août et laissés en liberté provisoire en attente du prononcé de la sentence.
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