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Afrique-du-Sud : le contesté parti de Mandela favori des élections

Vingt ans après la première élection présidentielle multiraciale, quelque 25 millions de Sud-Africains sont appelés aux urnes ce mercredi pour choisir les élus qui désigneront leur prochain président. Malgré les nombreuses accusations de corruption, le président sortant Jacob Zuma et son parti l'ANC restent les grands favoris d'un scrutin qui intervient moins de six mois après la disparition de Nelson Mandela.
Article rédigé par Antoine Krempf
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Maxppp)

L'ANC n'a pas quitté le pouvoir depuis maintenant 20 ans en
Afrique du Sud. Et si le parti de Nelson Mandela a beaucoup perdu de son aura, il
est malgré tout donné comme le grand favori des élections législatives et
provinciales de ce mercredi. Plus de 25 millions d'électeurs sont appelés aux
urnes pour élire 400 députés. Ces derniers désigneront ensuite le prochain
président sud-africain le 21 mai prochain.

A 72 ans, le sortant Jacob Zuma semble indéboulonnable.
Malgré des poursuites pour des affaires de corruption et un procès pour viol, dans
lequel il a été acquitté, son parti est donné vainqueur à plus de 60%. C'est
beaucoup, mais moins que les 65,9% réalisés en 2009.

Des inégalités encore très importantes

De fait, la contestation monte à travers le pays. D'après
Richard Calland, de l'Université du Cap. "Je pense que ces élections vont
permettre de voir si la patience de la population est à bout. Il y a une
frustration vis-à-vis du gouvernement, de l'ANC et de sa capacité à améliorer la
situation économique et sociale dans le pays
".

S'il y a eu de nombreux progrès ces 20 dernières années (l'accès
à l'eau potable pour 96% des foyers contre 62% en 1994, baisse du taux de
criminalité), les inégalités restent abyssales. Les blancs gagnent en moyenne
six fois plus que les noirs, sont beaucoup moins au chômage (7% contre 28%) et
bénéficient toujours d'un meilleur accès à l'éducation.

L'ANC et l'héritage Mandela

Mais "malgré tous les problèmes auquel le pays est
confronté, l'ANC bénéficie de sa lutte pour la démocratie et pour la liberté.
C'est un atout très fort pour ce parti
", poursuit Richard Calland. De
fait, le parti avait fait défiler en masse ses supporteurs en décembre dernier
lors de la disparition de Mandela. Quelques mois plus tôt, Jacob Zuma n'avait
pas hésité à se faire  prendre en photo
aux côtés du vieil homme.

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Pour autant, d'après le politologue, c'est la dernière fois
que l'ANC peut être aussi sûr de sa victoire. Car ces élections seront marquées
par l'arrivée dans les bureaux de vote des "Born free", ces jeunes noirs
éduqués qui n'ont pas connu l'apartheid et sont beaucoup plus critiques que
leurs aînés sur le bilan du parti au pouvoir. 

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